Le recul est là, mais faible. Le nombre de décès liés au VIH et au sida depuis 2005 connaît un déclin stable. L’accès amélioré au dépistage et aux traitements antirétroviraux est à saluer. Mais comme le souligne la dernière analyse du Global Burden of Disease, une ombre majeure assombrit ce tableau :
2,5 millions de nouvelles infections ont été signalées en 2015. De nombreux efforts restent à consentir, expliquent les auteurs de ces travaux, présentés à la Conférence internationale sur le sida qui se tient à Durban (Afrique du Sud) du 18 au 22 juillet et parus dans The Lancet HIV. Ils doivent s’orienter sur la prévention des contaminations.
Des traitements chers peu financés
La mortalité attribuable au VIH s’est stabilisée dans le monde et connaît un léger recul : depuis 2005, 600 000 personnes de moins sont décédées à cause du virus. Au cours de cette période, la prévention de la transmission mère-enfant a joué un rôle majeur, tout comme l’accès simplifié aux antirétroviraux, qui réduisent la charge du virus dans l’organisme. Les hommes sont six fois plus nombreux à en bénéficier, les femmes sept fois plus.
Source : The Lancet HIV/Global Burden of Disease
Ces bons résultats ne doivent pas faire oublier les lourdes inégalités qui pèsent sur la planète. Dans les pays à faible et moyen revenus, les traitements coûtent cher et les financements peuvent manquer. D’ici 15 ans, les Etats les plus démunis devraient atteindre un plateau, avertissent les auteurs. Un financement équitable des programmes de dépistage et de traitement du VIH réclame quelque 36 milliards de dollars annuels. La condition sine qua non pour un effet durable. Le prix des antirétroviraux devra aussi être plus bas.
Des infections sous-évaluées
Ce sont ces obstacles qui expliquent, en partie, la transmission soutenue du VIH dans la population mondiale. En 2015, 2,5 millions de personnes ont été contaminées. Là aussi, la statistique est stable par rapport à la décennie précédente. De fait, le déclin des nouvelles infections a sérieusement ralenti depuis l’année 2005 : de -2,7 % par an avant cette date, il est passé à -0,7 %. Le continent africain représente la majorité des nouveaux diagnostics : les trois quarts surviennent dans sa tranche subsaharienne. L’Asie est également fortement représentée.
Source : The Lancet HIV/Global Burden of Disease
Cette évaluation est sans doute sous-estimée, précisent les Drs Virginie Supervie et Dominique Costagliola – de l’Institut d’épidémiologie et de santé publique à la Sorbonne – dans un éditorial associé à l’étude. « Cette étude révèle les nombreuses incertitudes qui persistent et les défauts de connaissance à propos de l’incidence du VIH dans de nombreux contextes », écrivent-elles.
L’épidémie pourrait être ralentie si 90 % des personnes infectées connaissaient leur statut, que 90 % d’entre elles étaient traitées et que 90 % de celles-ci avaient une charge virale contrôlée. Mais cet objectif fixé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est encore loin d’être atteint pour la majorité des pays. 76 % des séropositifs sont traités en Suède, modèle en la matière.
L'Île-de-France engage le combat
Chaque année, quelque 6 000 personnes découvrent leur séropositivité en France. Dans un cas sur deux, elles ont lieu en Île-de-France. Parmi les personnes qui vivent avec le VIH, un tiers résident sur le territoire francilien. « Ne baissons pas la garde », exhorte la présidente de la région Valérie Pécresse. Dans une tribune publiée sur le Huffington Post, l’élue francilienne fait le bilan de son action au sein du Conseil général. Depuis juin 2016, la contre-attaque a été lancée : une région sans Sida. L’objectif final est le fameux 90-90-90 prôné par l’Organisation Mondiale de la Santé. « L’accent sera mis sur la prévention et le dépistage », souligne la présidente de région sans toutefois faire d’annonce supplémentaire. La diffusion d’autotests moins chers et la généralisation de la prophylaxie pré-exposition, déjà engagées, sont au programme. Valérie Pécresse milite aussi pour « la recherche en infectiologie », fleuron de la région Île-de-France. Les disparités d’accès, liées au relâchement rural dans les départements de la grande ceinture, devront aussi être gommées.