Axée majoritairement sur la prévention, la Conférence internationale sur le Sida (Durban, Afrique du Sud du 18 au 22 juillet) adoube la prophylaxie pré-exposition (PrEP). Déjà confirmée par plusieurs études, cette approche préventive médicamenteuse livre à nouveau des résultats concluants. Administrer du Truvada aux populations à risque réduit bien la probabilité d’infection. C’est la conclusion tirée de l’essai français emblématique IPERGAY, désormais clos.
0,91 % de cas
Le Pr Jean-Michel Molina de l'hôpital Saint-Louis (Paris) a coordonné les recherches depuis 2012. Ce 20 juillet, il a présenté les résultats définitifs de cet essai clinique sur la PrEP. Les 362 hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes (HSH) recrutés au cours de l’étude se sont montrés plutôt observants. Ils ont également tiré de grands bénéfices du Truvada en prévention d’une infection par le VIH. Tous étaient considérés comme à haut risque de contamination. Dans un premier temps, les conclusions ont fait état d’une réduction de ce danger de 86 %.
En réalité, la PrEP « à la demande » – c’est-à-dire en fonction des rapports à risque – se révèle bien plus efficace. L’équipe du Pr Molina n’a relevé que 0,19 infection pour 100 personnes-années de suivi. L’incidence du VIH était de 0,91 % chez les volontaires qui ont reçu le Truvada en aveugle. Des arguments qui plaident clairement en faveur d’un usage plus répandu, aux yeux du coordinateur de l’étude. « Ces résultats devraient favoriser une plus large utilisation de la PrEP dans les populations à risque, dans les pays où la situation de l’épidémie le justifie », juge Jean-Michel Molina dans un communiqué.
Un essai en vie réelle
L’usage généralisé de la PrEP dans l’essai IPERGAY s’est cependant accompagné d’un moindre recours au préservatif. Le phénomène est particulièrement marqué chez les hommes qui l’utilisaient souvent lors de la phase « double aveugle ». Après l’administration de Truvada à l’ensemble des volontaires, en 2014, la part d'usagers a chuté. Ce recul a été compensé par le recours à l’antirétroviral. « Les participants de l’essai étaient sûrs d’être protégés par la PrEP, qu’ils savaient efficace », souligne Bruno Spire, de l’association AIDES. Mais ce schéma ne protège pas des autres infections sexuellement transmissibles.
Le directeur de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS) – promoteur de l’essai IPERGAY – tire quand même un message positif de ces résultats. « La question n’est plus aujourd’hui de savoir si la PrEP est efficace et doit être utilisée, mais comment la mettre rapidement à disposition des personnes les plus à risque », conclut Jean-François Delfraissy. Son agence va suivre les bénéficiaires de la PrEP en Île-de-France sur de plus longues périodes.
A partir de la fin de l’année 2016, l’essai ANRS PREVENIR sera lancé, afin d’évaluer l’adhésion à long terme en vie réelle. La population concernée est nombreuse : 1 077 personnes ont déjà consulté à l’hôpital pour obtenir la PrEP. Elles résident majoritairement dans la région francilienne.