Contaminés. Les habitants des cinq communes situées dans les Cévennes présentent des taux anormaux de métaux lourds dans le sang, une nouvelle fois confirmés par les analyses que mène l’ARS (Agence Régionale de Santé) du Languedoc-Roussillon.
Ces communes gardoises (Saint-Sébastien-d'Aigrefeuille, Générargues, Saint-Félix-de-Pallières, Thoiras, Tornac) sont situées sur les terres d’anciennes mines. Pendant des décennies, le plomb, l’arsenic, le zinc ou encore le cadmium y ont été extraits par un industriel, Umicore, qui n’a pas pris le soin de dépolluer le site après son départ, en 1971. Trois millions de tonnes de déchets miniers gisent sur le territoire.
651 personnes testées
Près d’un demi-siècle plus tard, les habitants paient un lourd tribut de cette activité minière. Les derniers résultats de l’ARS révèle ainsi que 13 % des riverains dépistés manifestent une imprégnation au cadmium supérieure à la normale.
« Les premiers résultats indiquent que 22 % des participants à l'étude présentaient une imprégnation à l'arsenic supérieure à la valeur de référence établie en population générale », précise également l'ARS dans un communiqué. Le dépistage a porté sur 651 personnes volontaires « soit 347 foyers, dont 564 personnes de plus de 15 ans et 87 enfants de moins de 15 ans ».
Des résultats qui confirment de précédentes analyses menées sur 675 habitants en décembre 2015. Parmi eux, 46 personnes présentaient dans le sang des taux de cadmium, de plomb et d’arsenic anormalement élevés.
La pertinence du dépistage en question
L’ARS ajoute dans son communiqué qu’ « aucun cas de saturnisme infantile n'a été détecté. Seuls 3 cas de concentration en plomb dans le sang supérieure ou égale au seuil de vigilance (25 microgrammes par litre) ont été observés chez des enfants ». Pour les autorités, « les résultats ne montrent pas de différence notable avec la population générale » concernant le plomb.
Dans l’enquête que nous avions menée sur cette pollution minière dans les Cévennes, des spécialistes avaient toutefois remis en cause la pertinence du dépistage, mené vraisemblablement en dehors du protocole standard. En effet, les habitants avaient été invités à ramener eux-mêmes leurs échantillons urinaires, alors que le prélèvement aurait dû être réalisé en structure médicale, à heure fixe. A ce jour, l’ARS est injoignable ; impossible de savoir donc si méthodologie a été modifiée depuis.
45 plaintes contre X
De leurs côtés, les riverains ont décidé d’agir pour obtenir réparation de leur préjudice. Auprès du tribunal d’Alès et du pôle santé du tribunal de grande instance de Marseille, 45 plaintes contre X ont été déposées pour « mise en danger de la vie d'autrui », « atteinte involontaire à l'intégrité physique », « pollution des eaux » et « tromperie sur la marchandise entraînant un danger pour la santé de l'homme et l'animal ».
En effet, les habitants ne semblent avoir été mis au courant de ces sources potentielles de contamination, notamment lors de l’acquisition de leur maison – un élément qui aurait pourtant dû figurer sur l’acte d’achat. Le dossier, sensible, a tardé à être mis au jour. L’Etat a diligenté une première enquête pour évaluer les risques sanitaires en 2004 ; les résultats de cette étude ont été enterrés pendant quatre ans, avant d’être portés à la connaissance des mairies. Les habitants, eux, n’ont reçu des recommandations pour limiter les risques d’imprégnation qu’en 2014.