Les médecins plébiscitent la vaccination. A l’heure du débat lancé par Marisol Touraine en janvier dernier, 440 généralistes vivant en région Provence-Alpes-Côte-D’azur (PACA) ont été interrogés. Ils semblent favorables au maintien du régime actuel, qui combine vaccins obligatoires et recommandés. C’est en tout cas la conclusion du dernier Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH), édité par Santé Publique France. Les réponses soulignent toutefois les lacunes de la formation dans ce domaine.
Un régime mal compris
La vaccination reste un sujet délicat en France, même lorsqu’elle est obligatoire.
Ainsi, 13 % des professionnels de santé rencontrent « souvent » ou « toujours » des parents hésitants. La plupart (64 %) en rencontrent de temps à autre. Face aux interrogations et aux réticences, les sondés reconnaissent se sentir parfois en difficulté. Le régime français, qui fait coexister recommandation et obligation, est au cœur de leurs déclarations. Un tiers des généralistes a du mal à expliquer la nuance aux familles. L’existence de vaccins qui combinent les deux types de souche leur complique encore la tâche. La même proportion affirme que convaincre les parents de la nécessité d’un tel produit n’est pas chose aisée.
Si les médecins ont du mal à décrypter le dossier pour leurs patients, c’est sans doute parce qu’ils le maîtrisent mal. 39 % estiment que les vaccins recommandés sont « moins prioritaires » que ceux obligatoires. Preuve flagrante du malaise : les auteurs du BEH trouvent d’ailleurs ce résultat préoccupant. « Cela corrobore l’idée que cette coexistence de régimes est source d’incompréhension tant pour la population générale que pour les professionnels de santé et souligne aussi un manque de formation des médecins dans le domaine de la vaccination », écrivent-ils. De fait, les deux régimes sont d’importance égale.
Elargir l’obligation vaccinale
Malgré les erreurs et les hésitations, l’immense majorité des professionnels de santé se déclare favorable à l’obligation vaccinale. Mais ils ne sont pas tous d’accord sur la manière d’appliquer cette mesure : 48 % affirment qu’elle doit s’appliquer à certains vaccins. 44 % estiment qu’elle est nécessaire pour l’ensemble des produits disponibles. Ces derniers pratiquent moins la médecine douce, doutent moins de l’utilité des vaccinations… mais ils ont aussi plus de mal à expliquer la coexistence des deux régimes. « Le résultat principal de cette enquête, suggérant que la majorité des MG de Paca ne souhaite pas une levée des obligations vaccinales en vigueur pour les enfants, rejoint ceux de notre première enquête sur la vaccination », soulignent les auteurs de l’étude. En effet, seuls 5 % se prononcent en faveur d’une exemption religieuse ou philosophique.
Les professionnels de santé se montrent plus divisés face à un cas concret. Si l’obligation vaccinale était maintenue en France, ils ne seraient plus que 24 % à soutenir un élargissement de la liste. Les vaccins contre la coqueluche, l’Haemophilus influenzae de type B et le ROR (rougeole-oreillons-rubéole) sont soutenus par la majorité d’entre eux. Ceux protégeant contre la tuberculose (BCG), le méningocoque de groupe C et le papillomavirus reçoivent moins de votes positifs.
L’union sacrée
L’autre scénario rassemble davantage les généralistes. En cas de levée de l’obligation, 81 % se mobiliseraient pour convaincre les parents. Moins de 1 % déconseilleraient ce geste préventif. Ils sont plus souvent adeptes des médecins douces, émettent plus de doutes sur l’utilité d’un vaccin et ont plus de mal à persuader leurs patients.
Cette motivation ne vient pas de nulle part : la même proportion de médecins pense qu’une levée de l’obligation pourrait s’accompagner d’un recul de la couverture vaccinale. Pour un tiers d’entre eux, ce risque est même très important. « Le caractère obligatoire de la vaccination contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite est probablement perçu par les médecins comme un rempart contre un risque de recul de la vaccination des enfants en bas âge », supposent les auteurs du BEH. Il faut dire que l’histoire confirme ces craintes : le vaccin BCG n’est plus obligatoire depuis 2007. Seuls 85 % des enfants nés en 2013 sont protégés.