La sédentarité coûte cher à la planète. Pour la première fois, des chercheurs ont estimé le poids d’une mauvaise hygiène de vie. En 2013, le manque d’activité physique a provoqué 67,5 milliards de dollars de dépenses dans le monde, d’après une étude parue dans The Lancet.
1 million de dollars en France
« Mangez, bougez », exhorte la France depuis plusieurs années. Un conseil peu suivi, puisque 78 % des Français ne sont pas assez actifs, échouant à parcourir les 10 000 pas recommandés chaque jour. L'irruption de roues gyroscopiques et autres trottinettes électriques risque de ne pas améliorer le bilan. Cette paresse revient à cher pour la société : le coût direct est estimé à plus d’un million de dollars. 5 maladies non-transmissibles liées à la sédentarité sont en cause : les maladies coronariennes, l’AVC, le diabète de type 2, le cancer du sein et le cancer colorectal.
L’Hexagone est loin de payer le prix le plus lourd. L’Espagne voisine dépense deux fois plus en conséquence de l’inactivité physique. La Belgique, elle, a des coûts deux fois moins élevés. « Accroître l’activité physique des communautés est un investissement important que les gouvernements doivent envisager, car ils pourraient permettre des économies sur le secteur de la santé et accroître la productivité du marché du travail », analyse le Pr Adrian Bauman, co-auteur de l’étude. Car la baisse de productivité entraîne nécessairement des pertes, également prises en compte dans ces travaux.
Une répartition inégale
A l’échelle mondiale, le diabète de type 2 est de loin la pathologie la plus coûteuse, pour le système de santé comme pour la productivité. Il pèse 37,6 milliards de dollars. Les secteurs privés (mutuelles, complémentaires santé) comme publics se voient confrontés à des dépenses qui explosent. « L’inactivité physique est reconnue comme une pandémie mondiale », rappelle le Dr Melody Ding, principal auteur.
Mais la répartition est inégale. Encore une fois, le niveau de revenu des pays influence fortement l’issue pour les patients. Ainsi, les Etats les plus riches sont ceux qui dépensent le plus pour compenser les pathologies liées à la sédentarité. Les plus modestes, en revanche, représentent la plus forte part des malades. « De manière générale, les pays les plus pauvres n’ont pas de réponse à leurs besoins à cause des systèmes de santé et économique moins développés », explique le Dr Ding.
Ce sont donc encore les particuliers qui déboursent de leur propre poche. Mais le secteur de l’assurance privée prend de l’ampleur : il dépense quelques 12,9 milliards de dollars pour traiter les maladies liées à l’inactivité physique. C’est presque trois fois moins que les coûts supportés par le secteur public de la santé. La situation n’est pas près de s’améliorer : avec le développement économique des pays en difficulté aujourd’hui, la balance devrait encore se déséquilibrer.