Lorsque l’on tombe nez à nez avec un cafard, il est rare d’avoir spontanément à l’esprit l’idée de téter son lait. Et pourtant ! Le lait de cafard fait l’objet d’intenses recherches scientifiques. En cause : les propriétés nutritives de ce fluide, particulièrement riche en protéines.
Une seule espèce de cafard peut produire du lait : le diploptera punctata, unique représentant vivipare parmi les blattes. De fait, l’insecte ne pond pas d’œufs et se nourrit dès les premiers jours de son existence de cette substance lactoïde. Grâce aux apports nutritifs tirés de la sécrétion, il se développe beaucoup plus vite que ses cousins cafards qui ont une alimentation plus classique.
Comment traire un cafard ?
C’est un jeune chercheur de l’Université de l’Iowa, Nathan Coussens, qui a détecté la présence de cristaux de lait dans l’abdomen du diploptera punctata. Mais jusqu’ici, nul ne savait vraiment comment faire usage de ce fluide – et surtout, comme l’extraire de l’insecte, peu enclin à se laisser traire.
Une équipe internationale de chercheurs canadiens, américains, français, japonais et indiens, vient de trouver une réponse à cette problématique. Dans une étude publiée dans la revue International Union of Crystallography, les scientifiques affirment avoir séquencé les gènes responsables de la production de lait par les intestins de cafard. Cette substance pourrait à terme être produite en laboratoire et en grandes quantités.
« Les cristaux sont une nourriture complète. Ils contiennent des protéines, du gras, des sucres. Si vous regardez les séquences protéiniques, elles contiennent tous les acides aminés essentiels. Elles sont très stables. Ça pourrait être un fantastique complément protéinique », explique auprès du Times of India, Sanchari Banerjee, l'un des auteurs de l'étude. De fait, le lait de cafard a une valeur énergétique trois fois supérieure à celle retrouvée dans le lait de vache, de chèvre ou de coco.