Arrêter la progression de la maladie, plutôt que traiter les symptômes, c’est le Graal dans beaucoup de maladies, et l’épilepsie ne fait pas exception. Une étude parue dans Scientific Report soutient cet espoir. Des chercheurs de l’université de Louisiane ont découvert et breveté un composé neuroprotecteur qui protègerait des effets néfastes des crises et réduiraient leur fréquence.
Testés sur des modèles de souris épileptiques, le produit, baptisé LAU, et qui agit comme antagoniste des récepteurs au PAF (platelet-activating factor) ont permis de conserver les connexions entre neurones habituellement endommagées lorsque les crises surviennent. Cette connectivité est assurée par les épines dendritiques (le prolongement des neurones) qui participent à la bonne plasticité cérébrale. Lorsqu’elles sont abîmées, elles se reconnectent mal. Les circuits neuronaux se retrouvent hyperconnectés, ce qui favorise les crises, et ainsi de suite.
Les composés LAU bloquent le récepteur qui signale l’inflammation dans le cerveau, réduisent l’hyper-excitabilité des neurones, et empêchent la survenue des crises, jusqu’à 100 jours après la fin du traitement. « Cela suggère que le processus de développement de l’épilepsie a été arrêté », note le Docteur Nicolas Bazan, directeur du centre de neuroscience de la Nouvelle Orléans. Une bonne nouvelle puisque les médicaments actuels ne font que traiter les symptômes des crises, mais pas la maladie elle-même.
Prévenir la maladie
La découverte de ces composés pourrait aussi être utile pour les personnes à risque de développer une épilepsie. Outre les atteintes sur le cerveau, cette maladie peut en effet entrainer des troubles comportementaux, et une stigmatisation. Les crises sont souvent impressionnantes : convulsion, spasmes musculaires, perte de conscience. De plus, l’affection survient fréquemment chez les enfants : un malade sur deux a moins de vingt ans. Ils peuvent alors subir des moqueries ou des incompréhensions de la part de leurs camarades. Plus préoccupant, l’activité des neurones ne suit pas un schéma normal, ce qui peut provoquer des sensations, des émotions et même des comportements considérés comme « étranges ».
Sachant que 30 % des épilepsies ne sont pas soulagées par les traitements existants et que cela peut mener à une perte d’indépendance pour certains patients, les nouveaux composés découverts constituent un espoir sérieux.
D’autres études sont ainsi en cours pour compléter ces travaux, et des essais cliniques sont déjà programmés.