C’est au siège de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) que Ségolène Royal s’est officiellement vu remettre le rapport sur l’exposition des agriculteurs aux pesticides. Des travaux réalisés par l’Agence, qui pointent des failles majeures.
Manque volontarisme politique
En matière d’exposition professionnelle aux pesticides et d’utilisation des produits en milieu agricole, l’information est lacunaire, les intérêts divergents. Le manque d’indépendance et de transparence freinent la mise en place de mesures de protection. Dans les mille pages de ce rapport, le constat est celui d’un échec à tous points de vue - avec en bout de chaîne, au moins un million de travailleurs exposés aux produits phytopharmaceutiques.
Alors que les auteurs décrivent en filigrane l’absence de volontarisme politique, la ministre de l’Environnement a décidé de monter au créneau. Par le biais d’un communiqué, Ségolène Royal a annoncé que plusieurs mesures seront mises en œuvre pour renforcer « l’encadrement réglementaire relatif à l’utilisation des produits phytosanitaires et biocides par les travailleurs agricoles ».
Interdire les produits les plus toxiques
Le ministère souhaite que « les produits identifiés comme les plus toxiques » soient retirés de la vente, comme l’ont été le diméthoate, le chlorpyrifos éthyl et les herbicides au glyphosate utilisant des co-formulants, suivant une expertise de l’Anses. Les conditions de ré-entrée des travailleurs agricoles aux parcelles traitées avec des pesticides, ainsi que les normes des équipements, devront être revues.
La ministre de la Santé envisage d’autres pistes, comme « le conditionnement de l’utilisation des produits phytosanitaires les plus dangereux (cancérigènes, repro-toxiques ou perturbateurs endocriniens), qui ne doivent être mis en œuvre que lorsqu’il n’existe pas d’alternative à la délivrance spécifique et préalable du conseil indépendant prévu par le code rural ».
« Certipesticide »
La mise en place d’un certificat « certipesticide » est à l’étude ; il serait obligatoire pour tous les exploitants et les salariés agricoles « avant qu’ils ne puissent acquérir et utiliser des pesticides, que ceux-ci soient considérés comme des produits phytosanitaires ou comme des produits biocides ».
Ségolène Royal s’est enfin engagée à formuler des propositions à la Commission européenne pour que « les co-formulants utilisés dans les produits pesticides soient recensés et que les co-formulants cancérigènes, reprotoxiques et perturbateurs endocriniens, comme par exemple la tallowamine, soient interdits au même titre que les substances actives ».