Les astronautes du programme Apollo ont 4 à 5 fois plus de risques de mourir d’une maladie cardiovasculaire que les astronautes n’ayant jamais quitté la Terre ou son orbite, révèle une étude américaine parue dans la revue Scientific Reports. Ces troubles seraient la conséquence de l’exposition aux rayonnements cosmiques.
Ce programme spatial de la NASA a permis aux Etats-Unis d’envoyer les premiers hommes sur la Lune. Entre 1968 et 1972, 9 vols habités ont été réalisés pour prélever des échantillons de roche lunaire, et effectuer des observations au sol lors d’excursions au volant de rovers lunaires. Sur les 32 astronautes sélectionnés pour ce voyage extraordinaire, 24 ont quitté la magnétosphère terrestre, un bouclier magnétique qui protège notre planète de ces rayons, et foulé le sol de la Lune.
« Durant les voyages interplanétaires, les astronautes sont exposés à de nombreuses sources de radiation, y compris les rayons cosmiques galactiques, les particules solaires, et peuvent être piégés par les rayonnements de la ceinture de Van Allen », rappellent les auteurs.
Car tout aussi extraordinaire qu’il soit, le voyage dans l’espace regorge de dangers. En traversant l’espace à une vitesse proche de celle de la lumière, les particules qui composent ces radiations peuvent provoquer d’importants dégâts sur les cellules. « Mais il est vrai que les effets de ces rayonnements sur le long terme sont encore mal connus », relève à Pourquoidocteur le Dr Brigitte Godard, médecin des astronautes au Centre national des études spatiales (CNES) qui n’a pas participé à cette étude.
Des rayons cosmiques toxiques ?
Les travaux du Pr Michel Delp de l’université d’Arizona, menés en collaboration avec la NASA, sont justement les premiers à s’intéresser aux conséquences de ces radiations chez les seuls hommes ayant quitté l’orbite terrestre. Depuis leur voyage sur la Lune, 8 astronautes sont décédés, et pour près de la moitié, des suites de maladies cardiovasculaires.
L’effet des rayons cosmiques sur le système cardiovasculaire a été également mis en évidence chez des souris. Après 6 mois d’exposition, des altérations dans les vaisseaux des cobayes favorisant l’athérosclérose ont été observés. « Ces résultats révèlent que les rayons cosmiques affectent la santé vasculaire », affirme le Pr Delp.
Cette expérience suggère l’importance de développer de nouvelles stratégies pour préserver la santé cardiovasculaire des astronautes qui seront amenés à voyager de plus en plus loin. Elle semble également indiquer qu’une fois revenu sur Terre, les troubles ne sont pas transitoires, mais persistent silencieusement.
Encore loin de Mars
Après une mission, le cœur a du mal à récupérer ses fonctions de base. Démarre alors plusieurs semaines de réhabilitation. « Les 3 premières semaines sont fondamentales pour que les astronautes récupèrent. Durant cette période, ils suivent un programme personnalisé en fonction de ce qu’ils ont perdu. Mais je pense qu’à l’échelle microscopique il faut bien 6 mois, voire un an, pour que le corps entier ne présente plus de traces du passage dans l’espace. »
Pour préserver un maximum leurs fonctions cardiaques, les astronautes ont l’obligation de faire du sport. Ils sont également étroitement surveillés avant, pendant et après le vol grâce à des tests d’effort et des électrocardiogrammes. « Si un trouble est détecté, il est toujours temps de le faire revenir. Du moins tant que les astronautes restent à la station internationale », explique la spécialiste. De fait, le futur des voyages dans l’espace est beaucoup plus incertain.
Que se passera-t-il si un astronaute en route pour Mars a besoin de soins médicaux uniquement réalisables sur Terre ? Quelles ont les effets sur le long terme des radiations aux quelles s’ajoute l’apesanteur ? Aujourd’hui, le monde médical ne maîtrise pas ces paramètres. Pour les experts, les vols habités vers Mars, proposés à l’horizon 2026 par Space X, ne devraient pas décoller tant que ces questions n’auront pas trouvé de réponse.