Omniprésentes dans les assiettes occidentales, les protéines animales n’ont décidément pas la cote ces derniers temps. A en croire deux nouvelles études publiées dans BMC Nutrition et le Journal of Nutrition & Food Sciences, elles contribueraient à la prévalence de l’obésité dans les mêmes proportions que le sucre. « Des résultats qui vont sûrement susciter la controverse », glisse l’un des auteurs, le Pr Maciej Henneberg, directeur de département d’anthropologie biologique de l’université d’Adelaïde (Australie).
Dans le monde le nombre de personnes obèses a doublé en moins de quatre décennies. En 2014, près de 2 milliards d’adultes étaient en surpoids, dont 600 000 millions étaient obèses, et 41 millions d’enfants de moins de 5 ans étaient en surpoids. L'excès de poids résulte d'un déséquilibre énergétique entre les calories consommées et dépensées. L’augmentation de la consommation d’aliments très riches en gras et en sucre, ainsi que l’évolution de nos modes de vies favorisant la sédentarité sont les grands responsables de « cette épidémie ».
Mais pour les anthropologues australiens, la chasse aux sucres et aux graisses ne doit pas dissimuler le poids des protéines animales, en particulier celles contenues dans la viande. Après avoir analysé la consommation de viande et l’évolution de l’anatomie humaine dans 170 pays, ils affirment que la surconsommation de ces nutriments est aussi dangereuse pour la santé que le sucre.
Apport d'une énergie en surplus
Leur évaluation révèle, en effet que la disponibilité en sucre explique 50 % des cas d’obésité, tandis que la viande explique les 50 % restants. En ajustant selon le produit intérieur brut (PIB) de chaque pays, les calories consommées, le taux d’urbanisation et d’activité, qui sont les principaux contributeurs de l’obésité, ils notent que le sucre favorise 13 % des cas d’obésité, tout comme la viande.
« Selon le dogme actuel, les graisses et les sucres, en particulier les graisses, sont les principaux responsables de l’obésité, souligne Wenpeng You, responsable des travaux. Or, que l’on veuille ou non, ces nutriments présents dans notre alimentation moderne nous apportent suffisamment d’énergie pour couvrir nos besoins quotidiens. Et parce que les protéines animales sont digérées après les acides gras et les sucres, l’énergie que nous recevons représente un surplus qui est ensuite converti en graisses, et stocké. »
De précédents travaux ont également montré que la consommation de viande est liée à l’obésité, mais les auteurs de ces différentes publications ont souvent concluent que la teneur en gras des viandes est responsables, et non les protéines. Point de désaccord entre ces études et les travaux australiens.
Privilégier les protéines végétales
« Il serait irresponsable d’interpréter ces résultats en disant qu’il n’est pas dangereux de manger un régime gras et sucré. A l’évidence, cela est dangereux et c’est un problème sérieux pour la santé humaine, souligne le Pr Maciej Henneberg. Néanmoins, il est important de mettre en lumière la contribution des protéines animales dans l’obésité afin de mieux comprendre le phénomène. Dans le monde d’aujourd’hui, pour lutter contrer l’obésité, il apparaît sensé de réduire notre consommation de viande, de même que le sucre. »
Réduire l’apport de protéines animales, au profit des protéines végétales contenues dans les céréales et les légumineuses, permettrait également de d’allonger l’espérance de vie. Une étude tout juste publiée dans JAMA Internal Medicine, montre qu’il vaut mieux privilégier les lentilles, les poix chiches et le blé, à la viande rouge ou aux produits laitiers pour réduire le risque de mourir d’une maladie cardiovasculaire. Varier les sources de protéines aurait donc de nombreuses vertus pour la santé.