Pour répondre à l’interrogation des prescripteurs, l’Agence de sécurité du médicament est amené à effectuer des études et des évaluations pour ajuster ou non ses recommandations. Dans son rapport d’expertise, l’ Ansm rappelle les principales actions en cours.
Formes buvables d’antibiotiques en pédiatrie : des défauts d’observance
« Les génériques d’antibiotiques sous forme buvable en pédiatrie peuvent, pour leur part, soulever des difficultés d’acceptabilité. Des défauts d’observance qui peuvent en résulter remettent en cause l’efficacité thérapeutique, voire induisent un risque de résistances bactériennes ». La France a porté ce problème au niveau européen.
Génériques d’antiépileptiques : l’anxiété à prendre en compte
Dans un étude du CHU de Rennes auprès de plus de 300 neurologues libéraux, 70 % d’entre eux estimaient que la substitution d’un antiépileptique s’était accompagnée d’appels téléphoniques et de signes d’inquiétude de leurs patients, et un tiers d’entre eux signalait avoir eu des problèmes lors de la substitution (récidive de crise, effets indésirables). « L’Agence a engagé en avril 2007 une démarche d’évaluation de la substitution des médicaments antiépileptiques à la suite de l’alerte lancée par la Ligue française contre l’épilepsie. L’Ansm a alors interrogé ses homologues européens ». 8 des 18 pays ayant répondu ont informé avoir pris des mesures concernant les génériques d’antiépileptiques : rétrécissement de la marge de bioéquivalence (Belgique et Danemark), encadrement de la substitution (Espagne, Norvège, Slovaquie) ou encore interdiction de la substitution (Finlande, Slovénie, Suède).
Les résultats de l’enquête nationale de pharmacovigilance menée en 2007 « n’ont pas été jugés été suffisants pour apporter la démonstration scientifique d’une relation entre la substitution et le déséquilibre de la pathologie épileptique chez les patients ».
Pour tenir compte des particularités de la maladie dans laquelle de nombreux facteurs peuvent favoriser ou provoquer une crise, « l’Agence a mis l’accent, dans une lettre aux professionnels de santé, sur la nécessité d’un dialogue entre le médecin et le patient autour de la possibilité d’une substitution afin de s’assurer que celle-ci ne sera pas source d’anxiété. Si tel n’est pas le cas, il est alors recommandé d’éviter la substitution.
Substitution des spécialités à base de lévothyroxine sodique : surveillance nécessaire
A la « suite de l’observation d’un nombre significatif de notifications de perturbation de l’équilibre thyroïdien après une substitution du princeps par un générique lors de l’arrivée sur le marché de spécialités génériques de lévothyroxine (…) des recommandations aux professionnels de santé ont été émises ».
La lévothyroxine sodique est une hormone thyroïdienne de synthèse à marge thérapeutique étroite (ou substance dite « à dose critique »).
L’Agence a estimé que les intervalles d’équivalence devaient être resserrés et harmonisés entre princeps et génériques.
Par ailleurs, « compte tenu des variations de l’exposition qui pourraient survenir lors de changement de spécialités à base de lévothyroxine chez certains patients à risque (traités pour cancer thyroïdien, atteints de troubles cardio- vasculaires, femmes enceintes, enfants, sujets âgés) ainsi que dans certaines situations où l’équilibre thérapeutique a été particulièrement difficile à établir, et afin de prévenir tout risque de surdosage ou de sous-dosage, l’Agence a émis des recommandations (aux professionnels des santé. Elles précisent qu’une surveillance est nécessaire en cas de changement entre deux spécialités à base de lévothyroxine: spécialité de référence vers spécialité générique, spécialité générique vers spécialité de référence ou spécialité générique vers une autre spécialité générique.
Chez ces patients à risque, le maintien de l’équilibre thérapeutique doit être confirmé par une évaluation clinique, voire biologique si nécessaire.
Génériques de dispositifs transdermiques contenant du fentanyl : mise en garde
« Les caractéristiques du fentanyl qui est une substance antalgique opioïde puissante, et la formulation du médicament (patch) justifient une information renforcée sous forme de mise en garde spéciale. Celle-ci rappelle la nécessité de surveiller attentivement certains patients fébriles (absorption transcutanée accélérée), patients âgés et enfants (sensibilité accrue à la substance active) afin de prévenir tout risque de surdosage ou de sous-dosage et les effets indésirables qui y sont associés. »
L’Agence avait également consulté les différentes agences européennes et il en ressortait, sur 17 réponses obtenues, que 4 pays interdisaient la substitution, 9 l’autorisaient sans restriction et 4 l’assortissaient de conditions (information du patient ou surveillance médicale particulière).
Génériques d’immunosuppresseurs : optimiser la traçabilité
A la suite d’interrogations de la part de médecins spécialistes de la transplantation d’organes, concernan l’arrivée récente ou prochaine de génériques d’immunosuppresseurs (principalement mycophénolate mofétil, tacrolimus, ciclosporine) et de biosimilaires, ’Ansm a mené des actions d’informations auprès des patients et des différents professionnels de santé. Ellle « étudie actuellement la faisabilité de recherches pharmaco-épidémiologiques permettant d’optimiser la traçabilité des prescriptions de ces médicaments et de détecter les signaux traduisant une éventuelle différence d’efficacité clinique ».