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Liste en sus

Médicament : l’Avastin radié des listes hospitalières

Par Marion Guérin

L’Avastin, utilisé dans le cancer du sein et du rein, ne figure plus sur la « liste en sus » des hôpitaux. Les études n’ont pas démontré de bénéfices suffisants.

GrigoryLugovoy3/epictura

C’est l’un des médicaments les plus étudiés au monde ; pas moins de 500 études sont en cours dont 16 essais cliniques, selon des chiffres publiés en 2012. Toutes ces recherches n’auront finalement pas suffi à démontrer que l’Avastin apportait des bénéfices satisfaisants dans le cancer du sein et du rein.

A ce titre, il a été radié de la « liste en sus », - un dispositif mis en place pour alléger le budget des hôpitaux, incapables d’offrir à tous les patients les traitements disponibles sur le marché à des prix parfois vertigineux. Les médicaments qui figurent sur cette liste sortent ainsi du budget de l’établissement et sont intégralement pris en charge par la collectivité. En 2012, tous secteurs confondus, la facture pour ce poste s’est élevée à 2,6 milliards d'euros.

Faire des économies

C’est dire l’intérêt que la liste en sus revêt pour les autorités sanitaires, qui la remanient régulièrement, économies obligent. Un décret paru récemment a accéléré le rythme des radiations. Toutes les molécules se voient attribuer une « note » qui mesure les bénéfices sanitaires et médico-économiques d’un médicament par rapport à ses concurrents. Lorsque cette ASMR (Amélioration du Service Médical Rendu) est jugée insuffisante, la molécule peut désormais en être retirée de la liste.

Ce qui est le cas du bevacizumab, molécule commercialisée par Roche sous le nom d’Avastin. L’efficacité du médicament dans le cancer du sein a longtemps fait débat, certains oncologues ne jurant que par lui, d’autres affichant leur scepticisme. Les études, elle, ne démontrent pas d’amélioration de la survie globale, mais elle restent contradictoires.

« Nous nous y attendions un peu en France, explique Suzette Delaloge, oncologue à Gustave Roussy. Il va falloir s’adapter ». De fait, de nombreux praticiens prescrivent ce médicament ; à tel point qu’en 2008, les autorités de santé en ont restreint l’usage suivant la même logique médico-économique, le réservant à des situations spécifiques (cancer du sein métastasique triple négatif, en première ligne).

« Il est difficile d’évaluer les bénéfices réels de l’Avastin ; les résultats sur la survie globale des études en vie réelle étaient similaires à ceux des essais, ce qui est un bon indicateur », explique Suzette Delaloge, qui juge toutefois le choix « raisonnable », étant le manque de preuves accumulées, et la présence d’ alternatives thérapeutiques au médicament.

Par ailleurs, les spécialités radiées ont vocation à libérer de la place pour que de nouveaux traitements puissent être ajoutés à la liste - si toutefois ils démontrent des bénéfices par rapport aux médicaments disponibles sur le marché.