Des centaines de bêtes touchées depuis le premier cas, déclaré le 7 juillet. L’épidémie de fièvre aphteuse s’étend chez dans les cheptels de l'île Maurice, et plus particulièrement sur l’île Rodrigues. Rien que pour cette dernière, les estimations dénombrent plus de 500 cas (chèvres, bovins, moutons). Au total plus de 4500 têtes de bétail devraient être abattues. Le reste des animaux sera vacciné à trois kilomètres autour des foyers infectieux, en partie grâce à 10 000 vaccins que le gouvernement mauricien devrait acheter au Botswana, selon Mahen Seeruttun, ministre de l’Agro-industrie. « La vaccination fait peur pour les pays importateurs de cette viande, mais c’est la meilleure solution quand les foyers deviennent trop nombreux et difficilement contrôlables », explique à Pourquoidocteur Barbara Dufour, professeur de maladies contagieuses et d’épidémiologie à l’école vétérinaire d’Alfort. L’importation de viande en provenance de l’île Rodrigues a d’ailleurs été interdite afin d’endiguer la progression du virus.
Une maladie très contagieuse… chez les animaux
« La situation n’est pas préoccupante au niveau sanitaire, elle l’est plus au niveau économique », estime Barbara Dufour. En effet, Serge Clair, chef commissaire de l’île Rodrigues, annonce qu’un budget de l’ordre de 35 millions de roupies mauriciennes, soit environ un million de dollars, est prévu pour compenser les pertes des éleveurs. De plus, les vaccins et l’abattage en eux-mêmes coûtent cher.
L’épidémie reste cependant restreinte aux animaux. La population ne risque rien tant les formes humaines sont exceptionnelles, et bénignes. « L’homme est extrêmement résistant au virus. La contamination, rare, se manifeste uniquement par un petit bouton sur la main et ne présente aucun danger », rassure Barbara Dufour.
Par contre, « c’est la maladie la plus contagieuse qui existe dans le règne animal, bien plus que la grippe chez l’homme, note Barbara Dufour. La transmission, qui se fait par voie aérienne, est très rapide et très intense. A chaque expiration, les animaux atteints exècrent massivement le virus, et il suffit d’une toute petite quantité pour contaminer un nouvel individu ».
Le virus est véhiculé par la poussière, par un animal touché qui contamine un troupeau sain, en s’accrochant à des hommes et des animaux qui les portent sans développer la maladie, ou encore lorsqu’un animal ingère un produit contaminé. L’infection touche les porcins, les bovins et les petits ruminants, et peut passer d’une espèce à l’autre. Des analyses sont en cours en France et en Afrique du Sud afin de déterminer l’origine de l’épidémie. Le ministre mauricien de l’agro-industrie précise dans Défi Media Info qu’il faudra sans doute trois ans pour en venir à bout.