La polémique ne désenfle pas. Sur les réseaux et les blogs, dans les billets et les témoignages relayés par les médias, elle prend de l’ampleur. En France, en 2016, des pharmaciens refusent encore de délivrer la contraception d’urgence à des femmes pour des raisons idéologiques. Les récits se multiplient, qui relatent les remarques désobligeantes subies par les patientes, ou les fins de non-recevoir de la part des pharmaciens.
Au final, sur l’ensemble du territoire, les cas semblent marginaux mais ils relèvent d’une faute professionnelle grave. Il n’y a pas plus de raisons de refuser la délivrance d’une pilule du lendemain que de priver un patient d’un cachet d’aspirine !
A ce titre, les officines ont l’obligation d’accéder à la demande d’une femme qui lui demanderait une contraception d’urgence. Seul un motif médical peut motiver un refus – par exemple, si le rapport sexuel remonte à plus de cinq jours, le médicament n’étant plus considéré comme efficace au-delà de ce délai.
« Notez les noms »
Cette demande peut d’ailleurs aussi bien être formulée par un homme qui se rendrait à l’officine pour sa partenaire. Les mineures, quant à elles, ont droit depuis 2002 à la pilule du lendemain gratuite et anonyme, après un entretien réalisé dans un espace confidentiel avec le pharmacien. Elles n’ont pas à présenter leur pièce d’identité pour prouver leur âge, la déclaration orale suffit.
Un collectif de pharmaciens s’est créé sur Twitter pour militer en faveur de l’accès à la contraception. Ce groupement de professionnels est à l’origine d’un tutoriel publié ce lundi sur le blog La Coupe d’Hygie, délivrant de précieux conseils.
« Est-ce le titulaire, un pharmacien adjoint ou un préparateur qui vous a refusé la délivrance ? Si ce n’est pas le titulaire, demandez à lui parler. Dans tous les cas, notez les noms de tous les intervenants. Pour le titulaire, c’est facile, c’est marqué à l’entrée de la pharmacie », conseillent ces professionnels.
Faire un signalement
Le collectif suggère également de faire un petit scandale dans la pharmacie et de prendre à témoin les autres personnes présentes sur les lieux. « Interpeler les patients présents devrait vite ramener le pharmacien récalcitrant à la raison ». Par ailleurs, « si le pharmacien vous menace d’appeler la police, ne vous laissez pas intimider, proposez lui d’utiliser votre téléphone.. De toute façon, vous aviez prévu de déposer plainte pour ce refus ».
Les pharmaciens du collectif proposent ainsi des modèles de lettres à envoyer au Procureur de la République, à l’Ordre des Pharmaciens, à l’Agence Régionale de Santé ou encore au Planning familial pour signaler le refus de vente.
« Si vous n’êtes pas à l’aise avec ces conseils, ce n’est pas grave. Partez. Si vous avez besoin de cette pilule suite à un rapport, trouvez d’abord une autre officine où on vous délivrera la contraception d’urgence. Plus vous prenez la pilule tôt après le rapport, plus son efficacité est élevée », rappelle encore le collectif.