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Fin de vie

Rapport Sicard: "pour une sédation terminale sans violence, ni hypocrisie"

Par Mathias Germain avec Afsané Sabouhi

La commission Sicard  recommande une meilleure application de la loi Léonetti, une véritable prise en compte de la parole des malades  et se montre favorable à une sédation terminale. 

DURAND FLORENCE/SIPA
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« Nous ne recommandons pas l’assistance au suicide pour une maladie incurable », répète fermement le Pr Didier Sicard qui vient de remettre son rapport « Penser solidairement la fin de vie ». Mais si la commission Sicard écarte l'euthanasie dite « active », estimant qu'elle franchirait la barrière d'un interdit », elle recommande « dans le sillage de la loi Léonetti », dans les cas de fin de vie difficiles où le malade demande clairement que sa vie cesse, que la médecine puisse lui apporter « une sédation terminale sans violence ni hypocrisie avec une fin de vie douce et adaptée à son état ».

Ecouter le Pr Didier Sicard, auteur du rapport, « La sédation terminale, c’est le malade qui le demande… »


Au-delà de cette question sur la sédation terminale, les auteurs du rapport souhaitent que le gouvernement apporte « toute l’attention requise à l’immense majorité des personnes en fin de vie, dont la situation ne relève pas des seules unités de soins palliatifs ». Ils souhaitent qu’il y ait en France une politique volontariste de développement de sons palliatifs à domicile avec des « formules de répit » pour les proches.

Autre point important du rapport, la commission réclame un important effort de pédagogie sur la loi Léonetti. « Il est inacceptable que cette loi ne soit toujours pas appliquée après sept ans d’existence, explique le Pr Didier Sicard. Il faut faire un effort majeur d’appropriation de cette loi par la société et par l’ensemble des médecins et des soignants ».

Dans ce but, la commission recommande des campagnes régulières d’information et un effort massif de formation auprès des blouses blanches. Elle demande au gouvernement de prendre des dispositions réglementaires pour que la parole des malades soit entendue et respectée. Ainsi, le ministère de la santé devrait formaliser un document de directive anticipée, que le médecin traitant pourrait proposer à tout adulte, quel que soit son état de santé. Comme en Suisse ou en Allemagne, un autre document spécifique aux traitements de fin de vie pourrait être aussi formalisé.

A peine reçues les propositions de la mission Sicard, l'Elysée a annoncé qu'il saisissait le Comité consultatif national d'éthique. Celui-ci doit donner rapidement son avis sur trois points : les directives anticipées écrites par les patients, que la mission veut voir améliorées ; les « conditions strictes pour permettre à un malade conscient et autonome, atteint d'une maladie grave et incurable, d'être accompagné et assisté dans sa volonté de mettre lui-même un terme à sa vie » ; les conditions pour « rendre plus dignes les derniers moments d'un patient dont les traitements ont été interrompus à la suite d'une décision prise à la demande de la personne ou de sa famille ou par les soignants ». Et l'Elysée a fait savoir qu'un projet de loi sera présenté au Parlement en juin 2013.