Une plainte au pénal contre une pilule de 3ème génération. Une première en France. La victime, Marion Larat a subi un accident vasculaire cérébrale. La commission régionale de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux de Bordeaux a reconnu en juin 2012, l'imputabilité de l'AVC à la prise de cette pilule. Alors, faut-il l'interdire ? Les risques l'emportent-ils sur les bénéfices? Le danger est-il surestimé? Certains professionnels de santé, répondent à ces questions sans tabou. Pour eux, les accidents existent et sont dramatiques, mais ils restent extrêmement rares. De plus, les bénéfices des pilules en général sont largement supérieurs à une grossesse toujours à risque...
Dr Brigitte Letombe, gynécologue médicale, Présidente d'honneur de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie (FNCGM)
Pourquoi prescrit-on cette pilule de 3ème génération?
Les premières sont arrivées dans les années 80. Elles bloquaient davantage et donnaient des effets secondaires moins importants. Moins de problèmes au niveau de la peau, mais aussi moins de problème métaboliques (au niveau des sucres, du cholestérol, et des triglycérides). On chosit une pilule en fonction de tout ça. On ne passe jamais d'emblée à une 3ème génération. En général, quand on en donne, c'est parce que la 2ème génération n'était pas trop adaptée.
Et concernant le risque thrombo-embolique?
Ils sont là depuis toujours alors qu'il n' y a pas une augmentation des chiffres. Ils ont existé de manière beaucoup plus importantes avant avec des dosages beaucoup plus forts. Ils n'on fait que diminuer depuis qu'on utilise la pilule grâce à la baisse du dosage. Ca touche aujourd'hui 2 femmes sur 10000 Les pilules à 20 gamma qu'on stigmatise en ce moment, ça fait 20 ans qu'on les utilise. Pour la pilule, si on fait les calculs bénéfices/risques, il n'y a pas photo. Même, la grossesse reste plus risquée.
Comment ça, pouvez-vous nous expliquer?
Il y a plus d'accidents du fait de la grossesse que du fait d'une pilule. Une fille qui met en route une grossesse multiplie son risque thrombo-embolique par trois. Le risque dans ce cas est donc beaucoup plus élevé que sous pilule.Il faut être un tout petit peu raisonnable, on met en avant des choses excessives. Les accidents sont dramatiques pour les familles, je l'entends bien, mais les médecins font tout pour les éviter. Il n'y a pas de médicaments sans risques.
Concernant le bilan de coagulation, est-il suffisamment prescrit?
Ce bilan est lourd, toutes les sociétés savantes on planché sur la question. Mais ce bilan, même suffisamment prescrit, ne serait pas complet. Les mutations génétiques se découvrent petit à petit. Par exemple, celles du facteur 5 (celui en cause dans le cas de Marion Larat) n'est connue que depuis 1996 et la mutation de facteur 2 n'est connue que depuis 2000. Il y en a d'autres que nous ne connaissont toujours pas. Le plus important, c'est l'histoire familiale.
Comment faire?
Ce qui compte, c'est de savoir si dans la famillle il y a eu des choses qui ne paraissent pas clair et qui peuvent correspondre à un problème anormal d'hypercoagulité. Là on peut agir. C'est pour ça que la consultation chez le gynécologue est très importante.