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Bons d'achat

Sevrage tabagique : l'argent aide les fumeurs

Par Marion Guérin

Dans le sevrage tabagique, les récompenses financières montrent une efficacité supérieure à n’importe quel message de prévention, selon une étude suisse.

microlite/epictura

L’idée en fera bondir plus d’un ; et pourtant, les études se multiplient à son sujet et tendent toutes à démontrer son efficacité. Les récompenses financières constituent une motivation forte pour les fumeurs qui souhaitent se sevrer. En fait, elles seraient plus efficaces dans le sevrage tabagique que n’importe quel message de prévention, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Journal of the American College of Cardiology.

Les travaux ont porté sur 805 volontaires désireux d’abandonner la cigarette. Le revenu annuel des participants n’excédait pas 50 000 francs suisses (46 000 €). L'objectif était de tester l’efficacité de ces récompenses sur les population à bas-revenus, particulièrement touchées par le tabagisme, précisent les auteurs.

55 % d'arrêts au bout de 3 mois

« Les approches de prévention, par le biais d’informations et d’éducation, fonctionnent peu sur cette population. Il fallait chercher une autre approche, » justifie ainsi Jean-François Etter, spécialiste du tabagisme à l’Université de Genève, cité par la Tribune de Genève.

Les participants ont été divisés en deux groupes. Le premier a reçu des bons d’achat en cas de sevrage effectif, contrôlé par des tests sanguins. Le montant des récompenses augmentait au fur et à mesure ; au bout de six mois, un participant sevré pouvait toucher jusqu’à 1500 francs suisses (1380€). Le second groupe, quant à lui, ne percevait rien, si ce n’est quelques brochures et l’accès à un site Internet pour arrêter de fumer.

Les résultats de l’expérience sont éloquents. Au bout de trois mois, plus d’un fumeur sur deux (55 %) du premier groupe avait abandonné le tabac, contre 12 % dans le premier groupe. Une proportion qui diminue toutefois au bout de 18 mois, alors que les récompenses se sont arrêtées. Ainsi, 9,5 % des participants rémunérés sont encore sevrés à ce moment – ce qui est toujours mieux que pour le second groupe (3,7 %).

En France, une étude similaire a été menée sur des femmes enceintes. Elle a conclu à une forte efficacité des incitations financières dans le sevrage tabagique. Les freins à la mise en place de dispositif coût-efficace sont malgré tout nombreux (prise en charge par l’Assurance Maladie, image négative de ce dispositif au sein de la population…), en France comme ailleurs.