Combien sont-elles ? 20 000, deux fois, dix fois plus, impossible d'avoir des estimations même grossières. En France, la prostitution est "un phénomène évolutif et polymorphe". Dans un rapport qu'elle vient de remettre à la ministre de Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) pointe "les enjeux sanitaires de la prostitution".
Outre les risques inhérents liés à leur exercice, sida, hépatites et plus largement les infections sexuellement transmissibles, les prostituées sont victimes de violence de la part des clients et des proxénètes et souffrent des pathologies de la précarité (problèmes respiratoires, addictions, désordres psychiques). Un constat d'autant plus inquiétant que ces personnes renoncent fréquemment à faire valoir leurs droits sur le plan sanitaire. En particulier, celles qui viennent de l'étranger. "L'isolement et la clandestinité apparaissent comme des facteurs d'aggravation des risques, reconnaît le rapport.
Car, pour les inspecteurs de l'Igas, "la face cachée de la prostitution" rend difficile les actions de prévention. Entre les professionnelles qui recrutent sur internet, de manière occasionelle ou non, " l'escort travaillant à son compte en appartement, et l'étrangère sans papier" qui multiplie les passes , "les besoins de santé ne sont pas les mêmes", assure le Dr Julien Emmanuelli, co-auteur du rapport. Une attention particulière devrait être apportée aux mineurs et aux étrangers en situation irrégulière.
"L'accès aux publics prostitués" a été rendue encore plus difficile par la loi de 2003 qui a instauré le délit de racolage passif poussant cette population à se dissimuler. Najat Vallaud-Belkacem s'est engagée à abolir cette loi et à soutenir financièrement les associations de prévention des risques dans le cadre d'un plan global sur la prostitution.