C’est une histoire d’amour un peu particulière que nous conte aujourd’hui le Parisien à la veille des fêtes de Noël. Elle commence par une anomalie. A 42 ans, Fabrice a quatre reins. « Les deux siens ne fonctionnent plus depuis de 20 ans », raconte la journaliste Anne-Cécile Juillet. Ils se sont atrophiés car Fabrice est atteint de la maladie de Berger. Alors, à 22 ans, le jeune homme doit être dialysé trois fois quatre heures chaque semaine. Impossible de mener une vie normale, de partir à l’étranger à moins d’une organisation contraignante et coûteuse. Et puis, un matin, c’est le coup de fil si longtemps attendu. Un greffon l’attend. Le donneur est un jeune de 27 ans mort d’un accident sur la voie publique.
Fabrice gardera le greffon pendant 18 ans. Mais, « comment c'est souvent le cas pour des organes donnés post-mortem, rappelle le quotidien, cette première greffe atteint ses limites ». Il faut trouver un autre rein. Sa mère, sa sœur, sa cousine, se proposent de lui donner l’organe mais aucune d’elle n’est réellement compatible.
Fabrice ne le sait pas encore, la solution est proche. Il partage même sa vie depuis sept ans avec le futur donneur. Lui est compatible, il s’appelle Christian, il a 43 ans. L’aventure commence, les doutes aussi. Comme souvent, les receveurs se sentent culpabilisés. « Lui qui est en pleine santé, dans quelle aventure est-ce que je l’entraîne ? », se demande Fabrice. Ils sont pacsés, les formalités administratives sont rapidement bouclées. L’opération a lieu le 13 novembre à l’hôpital Necker à Paris, et, depuis, les deux vont très bien. Il envisagent de se marier. « En soixante ans de greffes de rein, précise le journal, Fabrice et Christian sont le premier couple homosexuel à entrer dans le protocole de don de vivant à vivant ».