Adeptes de la cornemuse, du trombone et autres instruments à vent, prenez garde ! C’est en effet un cas inquiétant que rapportent des médecins de l’hôpital universitaire de South Manchester (Royaume-Uni). Ils publient dans Thorax la description d’un patient tué par son instrument. En cause, selon eux, des moisissures et des champignons contenus dans le sac de la cornemuse.
Si le biniou fait souvent l’objet de plaisanteries, l’objet est à prendre au sérieux. Ce Britannique de 61 ans, dont le cas est rapporté, s’est présenté à l’hôpital avec une toux sèche en 2009. L’homme présente un essoufflement progressif pendant 7 années. Il souffre d’une inflammation chronique des poumons, nommée pneumopathie d’hypersensibilité. Cette pathologie est une réaction immunitaire face à une inhalation régulière d’agents pathogènes.
Non-fumeur
En l’absence de cause établie, les médecins lui administrent des immunosuppresseurs. Mais rien n’y fait. Sa fonction pulmonaire poursuit sa dégradation. Au terme de son existence, ce sexagénaire ne peut pas marcher sur une distance de plus de 20 mètres. Ses difficultés à respirer sont permanentes.
Le patient ne présente pas les caractéristiques habituelles associées à la pneumopathie d’hypersensibilité, notent les auteurs. Elle touche principalement les travailleurs en contact avec des oiseaux. Elle peut aussi survenir chez des personnes dont le domicile est envahi par la moisissure. L’Anglais ne répondait à aucun de ces critères et était non fumeur.
Une seule particularité émerge : il est adepte de la cornemuse. Instrument qu’il a délaissé trois mois, le temps d’un voyage en Australie. Au cours de cette période, ses symptômes se sont étrangement améliorés…
Nettoyer systématiquement
La corrélation suffit pour l’équipe médicale, qui réalise une analyse du biniou. La population qui y réside est pléthorique : pas moins de six espèces de moisissure ou de champignon s’y retrouvent (Paecilomyces variotti, Fusarium oxysporum, Penicillum, Rhodotorula mucilaginosa, Trichosporon mucoides, Exophiala dermatitidis). L’autopsie du patient confirme l’hypothèse des médecins. Ses poumons ont subi des dégâts étendus; un syndrome de détresse respiratoire est diagnostiqué ainsi qu’une fibrose des tissus pulmonaires, témoignant de la souffrance qu’a traversé l’homme.
Les auteurs l’admettent: ces éléments ne permettent pas de dresser un lien solide entre la cornemuse et la pneumopathie d’hypersensibilité. Mais ils précisent que d’autres cas ont émergé chez des adeptes d’instruments à vent : des joueurs de trombone et de saxophone.
Aucune recommandation officielle n’existe sur l’entretien de ces outils mélodieux. Les médecins qui signent cette publication conseillent tout de même à leurs propriétaires de les nettoyer immédiatement après usage et de les laisser sécher. De bons réflexes qui devraient créer un environnement moins favorable à une population de microbes.