Dépistage, suivi renforcé et indemnisation : voilà l’essentiel des annonces émises par Marisol Touraine. La ministre de la Santé a reçu ce 24 août le rapport sur l’exposition des femmes enceintes à la Dépakine. Malgré les risques de malformations et de troubles neurocomportementaux, 14 322 patientes ont reçu cet anticonvulsivant entre 2007 et 2014. Les autorités sanitaires ont décidé de consolider le dispositif de réduction des risques.
Le nombre de grossesses exposées au valproate de sodium (Dépakine, Dépakote et génériques) a reculé de 42 % sur la période étudiée par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Mais le rapport révèle un phénomène inquiétant : alors que les femmes bipolaires arrêtent le plus souvent de prendre le traitement, pour un substitut, c’est plus rarement le cas dans l’épilepsie. 88 % des fœtus arrivés à terme sont ainsi exposés à l’acide valproïque au premier trimestre et 66 % le sont toujours en fin de gestation.
Une indemnisation annoncée
Plusieurs milliers de naissance sont potentiellement concernés par les complications physiques et neurologiques de ce médicament. Car ce sont 61 % des grossesses qui ont été menées à terme sous Dépakine. Une seconde étude de l’ANSM évaluera l’impact de l’exposition sur les nouveau-nés. Ses résultats seront rendus à la fin de l’année 2016. Mais la ministre de la Santé a d’ores et déjà annoncé qu’un protocole de dépistage et de signalement sera mis en place dans le semestre à venir. Il permettra une prise en charge intégrale des victimes de la Dépakine par l’Assurance maladie.
Les personnes identifiées pourront rejoindre un registre national des malformations congénitales. Sa mise en place sera discutée en octobre prochain en vue d’une finalisation vers le mois de novembre.
Un plan d’indemnisation est également prévu pour ces jeunes patients. Une mission d’expertise juridique, lancée en mars, remettra des conclusions utiles. Le dédommagement, lui, devrait être voté vers la fin de l’année.
Surveillance des autres molécules
Au-delà de la gestion des conséquences, plusieurs mesures seront destinées à réduire encore les prescriptions. En premier lieu, un pictogramme sera affiché sur les boîtes de médicaments. Développé avec l’association APESAC (Aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anti-convulsivant), il mentionne clairement les risques d’une utilisation au cours de la grossesse. Ce dispositif devrait améliorer l’information des patientes, qui leur fait cruellement défaut.
Au cours du mois de décembre 2015, l’ANSM a envoyé des lettres d’information aux prescripteurs. Elle y rappelait les conditions de prescription strictes du valproate de sodium. Les autorités sanitaires veulent enfoncer le clou en multipliant les sources d’information. Un système d’alerte sera donc ajouté aux logiciels d’aide à la prescription.
L’Agence ne compte pas s’arrêter là. Comme préconisé dans le rapport qu’elle a remis au ministère de la Santé, d’autres antiépileptiques seront suivis de près. « L’ANSM réévaluera ainsi 21 substances actives pour le traitement de l’épilepsie », annonce un communiqué du ministère. Une surveillance accrue qui sera étendue aux molécules indiquées dans les troubles bipolaires.