Après le lien, l’explication. A l’heure où un premier patient a été diagnostiqué sur l’île de Mayotte, les scientifiques poursuivent les recherches sur le virus Zika. L’une d’entre elle vient d’être publiée dans Cell Reports. Des chercheurs de l’université de Yale (New Haven, Connecticut, Etats-Unis) ont découvert le mécanisme à l’origine de la microcéphalie chez les fœtus exposés. Le virus transmis par le moustique détourne le fonctionnement d’une protéine clé.
La mort des cellules
Pour ces travaux, l’équipe a comparé des échantillons de cerveau sains et des tissus prélevés post-mortem sur des fœtus infectés. A l’état normal, le cerveau se développe selon un schéma précis. Les cellules épithéliales se divisent de manière symétrique, afin d’élargir le nombre de cellules souches, puis elles se transforment en cellules dites gliales – qui assurent le bon fonctionnement des neurones.
Au sein de ce système, la protéine TBK1. C’est elle qui est chargée d’organiser la division de la batterie des cellules, la mitochondrie, et la réponse immunitaire innée. Elle intervient dans deux zones spécifiques. Le virus Zika interfère avec ce processus en s’attaquant à la protéine TBK1.
Au lieu de former de nouvelles cellules, les anciennes meurent. La formation du cerveau est ainsi altérée, ce qui conduit à une microcéphalie. L’infection ne se contente pas de cela : elle relocalise aussi d’autres cellules immunitaires, altérant l’immunité innée.
1 700 femmes françaises
Les chercheurs de Yale ont testé différentes approches thérapeutiques sur leurs échantillons. La plus efficace consiste à empêcher Zika de perturber le développement cérébral. Un médicament bien connu, et déjà sur le marché, permet cela : le sofosbuvir, actuellement indiqué contre l’hépatite C. Un résultat qui appelle encore à être reproduit in vivo.
Mais pour le premier auteur de cette étude, l’urgence est ailleurs. Une méthode qui permette de stopper l’infection par le virus Zika est « un besoin urgent » à ses yeux. Il faut dire qu’au Brésil, le pays le plus touché, près de 8 000 femmes enceintes ont été infectées. La France n’est pas épargnée : 1 761 infections ont été repérées chez de futures mères dans les zones où la circulation est autochtone. 4 bébés souffrent de microcéphalie et 9 d’autres malformations cérébrales.
Un nouveau-né malade plus de 2 mois
Le Brésil rapporte le cas d’infection le plus long chez un nouveau-né. Venu au monde avec le virus Zika, le bébé est resté malade pendant deux mois et une semaine. L’Institut des Sciences biomédicales à Sao Paulo (Brésil) détaille le tableau clinique de ce très jeune patient dans le New England Journal of Medicine.
En bonne santé générale - 3 kg, 48 cm et un périmètre crânien légèrement inférieur à la normal –, l’enfant ne présentait pas d’anomalie neurologique lors de sa mise au monde. Il souffrait toutefois de quelques malformations structurelles. 54 jours après sa naissance, aucun trouble n’est apparu. Ce n’est qu’à partir de 6 mois qu’un retard du développement psychomoteur a émergé, accompagné d’une paralysie cérébrale. Sa mère a été infectée à un stade avancé de la grossesse, puisque le diagnostic a été posé à 7 mois de gestation. Le virus a probablement été transmis par voie sexuelle.