Lyme et Zika : à première vue, ces pathologies n'ont aucun point commun si ce n'est leur mode de transmission, par l'intermédiaire d'un vecteur. La tique dans le premier cas, le moustique dans le second. Elles partagent en fait un autre trait, au vu du dernier « carnet de santé des Français » réalisé par Odoxa pour le compte de la mutuelle MNH (1) : toutes deux suscitent l'inquiétude des personnes interrogées.
Zika inquiète la métropole
Maladie émergente dans l’espace public, le virus Zika s’est fait remarquer par ses effets spectaculaires chez la femme enceinte. Les fœtus exposés sont plus à risque de microcéphalie et d’autres malformations neurologiques. Les moustiques vecteurs de cette infection appartiennent à la famille des Aedes. Depuis 2004, le moustique tigre (Aedes albopictus) est implanté sur le sol français, justifiant, les alertes qui se sont multipliées au cours de l’été quant à l’arrivée du virus en métropole.
C’est peut-être pour cette raison que 84 % des Français affirment avoir entendu parler de Zika. Si leur niveau de connaissances sur le sujet est modéré pour bon nombre d’entre eux, les craintes sont présentes. 62 % émettent ainsi une inquiétude concernant une propagation en France métropolitaine. Femmes et seniors sont plus nombreux à l’admettre.
Une prudence modérée
Craintifs, certes, mais pas au point de mettre en œuvre toutes les mesures de précaution. Seuls 57 % des sondés disent éviter les zones d’eau stagnante – qui servent de gîte aux moustiques – ou les surveiller. Ils sont encore moins nombreux à porter des vêtements longs et fermés (49 %) et à utiliser des répulsifs (36 %). Parmi les habitants de la Métropole, 267 ont été contaminés par le virus Zika en zone endémique entre mai et août. L’épidémie de Zika n’aura finalement pas eu l’ampleur prévue. Aucun cas ne s’est déclaré sur le sol de l’Hexagone.
La maladie de Lyme, qui a fait les gros titres au cours de l’été, plisse bien plus les fronts. Les Français sont moins nombreux à connaître cette maladie transmise par la tique : seule la moitié des sondés affirme en avoir entendu parler. Mais d’après les sondeurs, les connaissances sont plus précises à ce sujet, sans doute parce qu'il s'agit déjà d'une réalité sur le terrain. C'est aussi probablement la raison pour laquelle une part supérieure de personnes interrogées avoue son inquiétude. 73 % craignent une extension sur le territoire métropolitain. Une appréhension bien justifiée : l’intégralité des régions abrite cet acarien et presque toutes dénombrent des cas de borréliose de Lyme.
Des données lacunaires
27 000 personnes seraient ainsi porteuses de la maladie. L’Alsace arrive en tête dans les signalements, loin devant le Rhône-Alpes et la Franche-Comté. C’est aussi dans cette région qu’un réseau de surveillance est piloté. Entre le 1e janvier et le 31 août 2014, 276 cas ont été relevés.
Mais les données récentes manquent à l’échelle nationale et elles sont probablement sous-estimées. Car ça n’est pas la seule carence dans ce secteur : dans une tribune parue en juillet, 100 médecins ont dénoncé le manque d’attention accordé aux patients et la sous-reconnaissance des formes chroniques de la maladie. Un plan sera présenté en septembre prochain. Il devrait améliorer le diagnostic et la prise en charge des malades.
(1) Sondage Odoxa pour le groupe MNH, Le Figaro et France Inter réalisé auprès de 1 036 personnes représentatives de la population française, âgées de 18 ans et plus.