La mort subite de l’adulte, aussi appelée arrêt cardiaque inopiné, est responsable de plus de 50 000 décès par an en France. Grâce aux défibrillateurs automatiques externes (DAE) installés dans les villes, près de 4 000 vies pourraient être sauvées.
Mais ces appareils délivrant un choc électrique pour faire repartir le cœur échouent à réduire la mortalité car le public n’est pas suffisamment formé à leur utilisation et aux gestes qui sauvent, selon une étude française présentée ce dimanche à Rome lors du congrès de la société européenne de cardiologie.
« Le taux de survie d’un arrêt cardiaque hors de l’hôpital est encore extrêmement faible. Les premières minutes sont cruciales, souligne le Dr Nicola Karam, cardiologue interventionnelle à l’hôpital européen Georges Pompidou (Paris) et auteur de l’étude.
Pour répondre à ce problème de santé publique et sensibiliser la population, des programmes d’éducation à l’utilisation des DAE par le public ont été développés. Or, selon ces récents travaux menés dans 51 zones de France pendant 5 ans, ces initiatives sont inégalement déployées dans le pays.
Les cardiologues parisiens ont en effet découvert que la proportion de personnes formées aux gestes qui sauvent varie de 6955 à 36 636 par 100 000 habitants d’une zone à l’autre. Tandis que la densité de DAE fluctue entre 5 et 3 399 pour 100 000 habitants sur 1000 km2.
« Ces différences sont bien plus importantes que nous le pensions, indique le Dr Karam. Environ un tiers des zones étudiées ont développé des programmes complets (mise à disposition des appareils et sensibilisation du public), alors que les deux-tiers restants n’ont pas assez investi dans ces initiatives ou se sont concentrés uniquement sur l’un des volets ».
Un taux de survie supérieur à 40 %
En outre, les chercheurs ont mis en évidence l’absence de corrélation entre le niveau de formation à l’échelle nationale et locale, suggèrant un manque de collaboration entre les décideurs. « Nous pourrions nous attendre à un investissement local plus important dans les régions où les initiatives nationales sont peu présentes, et inversement. Or ce n’est pas le cas. Ceci souligne une fois de plus l’absence d’une stratégie concrète de développement de programme de défibrillation automatisé externe par le public », déplore la spécialiste.
Pourtant, ces appareils ont une réelle efficacité. Les taux de survie varient en effet de 0 à 43,8 %. Les régions les mieux dotées de ces appareils et de formation présentent les meilleurs scores de survie. En revanche, dans les zones où ces programmes de santé publique sont en peine, les chances de survivre d’une crise cardiaque sont très minces. Et il s’avère que ce sont surtout dans les zones où la population est la mieux formée que les taux de survie sont élevés. « Ces résultats soulignent que les bénéfices de ces programmes sont insuffisants lorsque le niveau de formation grand public est faible, un point clé pour la mise en œuvre des politiques de santé », conclut la cardiologue.