Les cœurs s’essoufflent sur la planète. Une étude islandaise prévoit une forte augmentation des cas d’insuffisance cardiaque dans les années à venir. D’ici 2060, le nombre de personnes âgées souffrant de cette maladie chronique pourrait bien tripler, d’après les estimations d’une équipe de l’hôpital universitaire de Reykjavik (Islande).
Une nouvelle bien sombre présentée à Rome (Italie) dans le cadre du Congrès de la Société Européenne de Cardiologie qui se tient du 27 au 31 août.
Des facteurs combinés
En Islande, 3,7 % de la population souffre d’insuffisance cardiaque. C’est légèrement plus que la part de Français touchés par cette affection (2,3 % des adultes). Mais dans ces deux pays, le nombre de cas augmente.
La situation risque de s’aggraver encore d’après l’équipe dirigée par le Pr Ragnar Danielsen. Elle a analysé l’état de santé de 5 607 personnes, âgées de 66 à 98 ans, représentatives de la population senior islandaise.
Le vieillissement de la planète est amorcé de longue date. Mais les maladies chroniques qui accompagnent un nombre croissant de personnes âgées pèseront lourd sur les sociétés. « Plusieurs troubles peuvent provoquer une insuffisance cardiaque, comme une maladie coronarienne, une hypertension, une obésité ou un diabète », illustre le Pr Danielsen.
L’âge avançant, ces pathologies ont tendance à se faire plus présentes. Le mode de vie occidental, avec une sédentarité grandissante et un déséquilibre alimentaire, favorise également leur survenue. Le terrain est donc plus fertile pour une insuffisance cardiaque.
Les dépenses vont tripler
Tenant compte du rythme du vieillissement de l’Islande, l’équipe prévoit un doublement des patients âgés suivis pour cette pathologie d’ici 2040. A l’horizon 2060, cette part aura triplé. « Dans les décennies à venir, la majorité des patients atteints seront des personnes âgées, ce qui aurait de lourdes conséquences pour la santé et l’économie », anticipe Ragnar Danielsen.
En effet, hospitalisations répétées et médicaments pèsent un poids non négligeable sur la société. En France, les coûts directs des seuls patients en phase avancée étaient de 1,6 milliard en 2006. D’après l’association américaine de cardiologie (AHA), ces dépenses vont tripler entre 2010 et 2030.
« Ces résultats doivent servir d’alarme pour les décideurs et les professionnels de santé : il faut faire davantage d’efforts pour prévenir l’insuffisance cardiaque », estime le Pr Danielsen. Ces efforts passent par une prise en charge rapide des infarctus, une meilleure adhésion aux traitements préventifs après ceux-ci ainsi qu’un changement durable du mode de vie. Ces approches ne sont pas nouvelles, mais elles peinent à s’installer dans les esprits.