En début d'année 2016, l'Ordre des médecins a prononcé des suspensions d'exercice à l'encontre de deux chirurgiens qui avaient opéré Corentin, un petit garçon de 11 ans mort lors d'une appendicectomie en 2014 à la clinique Claude Bernard de Metz (Moselle). Suspectant des erreurs ou des maladresses, ses parents avaient décidé de porter plainte contre X pour homicide involontaire.
Et dans cette affaire, la justice avance puisque le chirurgien qui a opéré Corentin a été mis en examen ce lundi pour homicide involontaire par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence.
Il encourt jusqu’à trois ans de prison et 45 000 € d’amende. Son audition devant le juge d’instruction, Jean-Marie Caronna, a duré plus de trois heures, raconte L'Est Républicain. Elle intervient vingt-deux mois après l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet de Metz.
Dans le quotidien régional son avocat, Me Joseph Roth, explique : « Mon client a fait le récit de l’opération qui a mal tourné et donné sa vision des faits (...) Ce qui est sûr, c’est que le temps a été un élément important. Mon client a demandé rapidement à ouvrir le patient mais les anesthésistes présents au bloc l’en ont dissuadé. Il a aussi indiqué au juge qu’il avait appelé à l’aide un autre chirurgien qui s’est dit être capable de réparer l’aorte de Corentin, poursuit l'avocat. Il n’a pas réussi… et je pense qu’il y a eu des problèmes de communication dans ce bloc. Je rappelle que ce jour-là, mon client était le vacataire, face à des praticiens plus expérimentés », conclut Me Roth.
L'autre version de son père
Il faut dire que les charges qui pèsent contre le médecin sont lourdes. Selon le père de Corentin, qui a consulté un rapport d’experts, remis début janvier, rien ne justifiait la décision de procéder une appendicectomie. « Il n’y avait pas d’appendicite aiguë, ni d’indication opératoire immédiate », avait-il souligné au micro de l’Agence France Presse (AFP).
Pire, l’intervention elle-même comprenait des failles : la cœlioscopie – utilisée dans 70 % des cas – n’avait pas été réalisée dans les règles de bonne pratique. Et après la survenue de la complication, de longues minutes avaient été perdues avant que son origine ne soit détectée. Pour toutes ces raisons, des sanctions à l'encontre des médecins concernés étaient tombées en début d'année.
Le second chirurgien, directement impliqué dans cette affaire, est attendu dans le bureau du juge ce mardi à 14 h. Il devrait être mis en examen à son tour, avancent les médias locaux. Au total, il faut préciser que ce sont sept praticiens qui sont intervenus au chevet de Corentin, qui mourra le lendemain de son opération au CHU de Nancy. Il y avait été transféré en urgence qu'au bout de neuf heures d'opération à Metz.