Le syndicat du secteur pharmaceutique est très inquiet. Dans un communiqué publié ce mardi, les Entreprises du médicament (LEEM) rapportent qu’en 2015, la France est le seul pays d’Europe à ne pas avoir affiché de croissance de son chiffre d’affaires.
Nos voisins s’en sortent mieux. C’est ce le cas des marchés allemands (+ 6 % de croissance du chiffre d'affaires en 2015), espagnols (+16 %), italiens (+13 %) et anglais (+10 %).
A l’inverse, le marché français a stagné (27,8 milliards d’euros dans l’Hexagone) en 2015, « confirmant une tendance qui dure depuis quatre ans », déplore le Leem.
Résultat, à l’échelle mondiale, la part de marché pharmaceutique de la France diminue de manière significative : elle représentait 5,4 % en 2005, 3,9 % en 2014 et plafonne à 3,5 % en 2015.
Une régulation toujours plus lourde
Et l’industrie pharmaceutique tient les coupables. « Les plans successifs d’économies mis en place ces dernières années par les pouvoirs publics étouffent le secteur qui assume, à lui seul, 50 % des efforts d’économies de l’Assurance Maladie », écrit-elle. Le syndicat rappelle au passage qu’il ne représente pourtant que 15 % des dépenses de santé. En 2016, la contribution des entreprises du médicament s’élève à un niveau jamais atteint : 1,66 milliard d’euros d’économie, dont 900 millions de baisses de prix.
Mais la liste des malheurs ne s’arrête pas là. « À cette contribution annuelle (...) s’ajoute une taxation spécifique à l’industrie pharmaceutique », souligne-t-elle. Le Leem écrit qu’entre 2011 et 2015, la part des prélèvements sur le chiffre d’affaires taxable est ainsi passée de 3,6 % à 6,3 % alors que le taux de croissance du chiffre d’affaires taxable s’est réduit de + 0,3 % à - 0,6 %. « L’augmentation de la taxation, conjuguée à la récession du secteur, conduit à une érosion de la rentabilité du secteur », conclut-elle.
Le prix des médicaments dénoncé
Enfin, dernier cheval du bataille du Leem, le prix des médicaments français « parmi les plus bas d’Europe occidentale ». Il cite aussi une étude du Comité économique des produits de santé (CEPS) révélant que pour 93 % des produits sous brevet et au chiffre d’affaires particulièrement élevé, les prix français sont inférieurs à la moyenne de ceux de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Espagne et de l’Italie.
Chiffres sont tout de même à relativiser. Avec 7,7 milliards d’euros dans d’excèdent en 2015, l’industrie du médicament est l’un des rares secteurs à conserver une balance commerciale positive. Et les échanges commerciaux de médicaments entre la France et les autres pays sont en hausse de + 1,5 % par rapport à 2014.
Ainsi, en comptant les exportations, les ventes 2015 du secteur pharmaceutique français ont atteint 53,2 milliards d'euros, en légère hausse de 0,6 % sur un an. Mais là encore la Leem nuance. « Elle intervient après une forte récession en 2014 (- 5,0 %), confirmée par les premiers chiffres de 2016 (- 19 % en avril 2016) », conclut-il.