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Observatoire des violences en santé

Violences à l’hôpital : une victime toutes les 30 minutes

Par Audrey Vaugrente

Plus de 18 000 membres des hôpitaux français sont victimes d’agressions diverses. Les services de psychiatrie et les urgences sont les principaux théâtres des violences.

kopitin/epictura

Toutes les 30 minutes. Voilà la fréquence à laquelle un personnel des hôpitaux est agressé en France. Ce triste bilan est tiré par l’Observatoire national des violences en santé (ONVS) dans un rapport publié récemment. Concentré sur les signalements de l’année 2014, il conclut à une hausse des incidents par rapport à l’année précédente. Le nombre d’établissements remontant ce type d’information a pourtant reculé.

L’implication du secteur public

Les 337 structures participant à cet Observatoire ont ainsi rapporté plus de 14 500 atteintes, aux personnes mais aussi aux biens. L’Île-de-France figure largement en tête des accrocs avec les patients ou le personnel avec 30 % des déclarations. La région francilienne est suivie par les Midi-Pyrénées et les Pays de la Loire.

La forte participation de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP) explique sans doute ce fossé : le plus grand hôpital de France mène une politique de signalement systématique. De fait, le secteur public est bien plus intégré au dispositif que le privé, malgré les incitations de la Fédération de l’Hospitalisation Privée (FHP).


Source : ONVS

La solidarité du personnel

Les établissements hospitaliers ont recensé un total 18 143 victimes. Dans l’immense majorité des cas, il s’agit de personnel, les infirmiers et sages-femmes étant les premières cibles des violences (66 %). Aides-soignants et agents d’entretien sont aussi durement touchés par ces incidents. « Les tensions avec le public se sont accrues », reconnaît le rapport de l’ONVS, qui s’appuie sur une étude de la DREES (Direction de la recherche, de l’évaluation, des études et des statistiques).

Si les rapports sont plus tendus entre professionnels et patients, les membres du personnel font entre eux preuve de solidarité. Une évolution qui mérite d’être soulignée car elle s’avére précieuse dans certains services. Psychiatrie, urgences, médecine et gériatrie sont les principales victimes des agressions et autres incidents. « Alors que la personne soignante disait bonjour, un patient s'est approché d'elle et l'a giflé violemment, pour la 3ème fois en quelques semaines », rapporte en exemple le document.


Source : ONVS

 

37 % d’injures

Les patients, visiteurs et accompagnants sont, à une majorité écrasante, les principaux auteurs des violences. Prise en charge inadaptée, temps d’attente trop long, refus de prescription, mais aussi alcoolisation, les raisons des agressions sont nombreuses. Ceux qui ne sont pas satisfaits ne reculent devant rien pour le faire comprendre.

Les violences sont avant tout verbales avec 37 % d’injures signalées. Mais les menaces physiques ne sont pas si rares (15 %). D’ailleurs, les violences graves se multiplient, avec un recours accru aux armes à feu, des viols en hausse et un usage ponctuel de gaz lacrymogène. Les incidents peuvent aussi se cumuler : dans 420 cas, les atteintes aux personnes s’ajoutent à celles aux biens. Le plus souvent, cela se manifeste par violences et dégradation.

2 224 plaintes et 185 mains courantes ont été déposées. Mais l’ONVS rappelle que le plus souvent, les établissements ne donnent aucun renseignement sur les suites données aux incidents.