Le virus Ebola a été retrouvé dans le sperme d’un survivant libérien 565 jours après sa guérison, ont annoncé des chercheurs américains des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) dans une étude publiée ce mardi dans la revue Lancet Global Health.
Jusqu’ici, les scientifiques avaient retrouvé des traces de ce virus mortel dans le sperme plus de 9 mois après la rémission des malades.
Pour parvenir à cette découverte inquiétante, les chercheurs ont suivi 429 rescapés plus d’un an après leur sortie des centres de traitement d’Ebola dans le cadre d’un programme de suivi national mené au Liberia. L’analyse du sperme des volontaires a révélé la présence de particules virales chez 38 hommes. Parmi eux, plus de 60 % étaient encore testés positifs un an après leur guérison, et un seul homme de plus de 40 ans a présenté des traces du virus un an et demi après son rétablissement.
« Avant l’épidémie, les scientifiques pensaient que le virus Ebola pouvait persister dans le sperme pendant 3 mois. Avec ces travaux, nous savons maintenant qu’il peut rester au moins un an de plus, commente le Dr Moses Soka, coordinateur des soins cliniques apportés aux survivants d’Ebola au ministère de la santé libérien ».
Sa capacité à trouver refuge dans ce fluide corporel pendant 18 mois illustre à nouveau sa dangerosité et fait craindre de nouvelles flambées épidémiques en Afrique de l’Ouest. Néanmoins, les chercheurs du CDC se veulent rassurants et soulignent que rien ne prouve que l’homme est encore contagieux. De fait, les fragments détectés pourraient ne plus être infectieuses.
Education sexuelle
Reste que le risque de transmission sexuelle du virus Ebola n’est pas négligeable. Les résurgences de cas en Guinée, Libéria et Sierra Leone sont dues à des transmissions du virus lors de rapports sexuels non protégés. Ainsi, le programme de suivi des rescapés libérien ne s’arrête pas à des analyses de sperme mais intègre des cours d’éducation sexuelle. A chaque rendez-vous, les participants reçoivent des préservatifs et des conseils pour avoir des relations sexuelles sans risques. Une initiative efficace : trois quart des participants qui avaient des rapports sexuels non protégés avant de suivre le programme utilisent aujourd’hui des préservatifs.
Depuis décembre 2013, 28 616 cas personnes ont été infectés par le virus Ebola en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, dont 11 310 décès. Aujourd’hui, les 3 pays sévèrement touchés par l’épidémie ont déclarés la fin de la flambée, mais une surveillance soutenue est maintenue.