Une molécule capable de bloquer la mort des cellules sensorielles dans la cochlée et qui ralentirait la perte d'audition liée au vieillissement. Une autre qui régule l'activité du nerf auditif et qui pourrait permettre de stopper les acouphènes, sorte d'épilepsie du nerf auditif. Voilà les découvertes d'une équipe de chercheurs de l'Institut des Neurosciences de Montpellier, un laboratoire de l'Inserm parmi les meilleurs au monde. La suite, un partenariat avec Sanofi dans le but de mettre en place un microappareil implanté dans l'oreille interne et qui déverserait directement les différents médicaments sur la lésion.
La technique? Une télécommande extérieure pour les personnes atteintes d'acouphène. Autre solution envisagée, un bouton placé derrière l'oreille sous la peau. "Techniquement ce n'est pas plus dur à faire", précise Jean-Luc Puel à la tête des 25 chercheurs en charge de ce projet. Un premier prototype sous forme de micropompe est en cours de test et pourrait voir le jour d'ici trois ans pour des premiers essais sur l'homme. Bloquer le mort cellulaire. A terme, une nouvelle vie pour les plus de 65 ans. Pour le Pr Jean-Luc Puel, directeur de recherche dans ce labo, il s'agit d'un grand espoir pour nous tous...
Ecoutez le Pr Jean-Luc Puel, directeur de recherche à l'Institut des neurosciences de Montpellier: "un dispositif qui bloque le vieillissement de l'oreille, c'est le grand plus pour les personnes âgées"
Une nouvelle vie donc pour les personnes âgées. Mais ce n'est pas tout. Une seconde molécule a été identifiée. Elle pourrait réguler l'activité du nerf auditif, et bloquer ainsi les acouphènes. Jusqu'à présent aucun traitement type n'existait. Une vraie détresse pour les patients. Cette découverte sonnerait la fin d'une vie de calvaire pour les personnes atteintes de ce mal.
Ecoutez le Pr Jean-Luc Puel, directeur de recherche à l'Institut des neurosciences de Montpellier: "les personnes qui ont des acouphènes vont revivre grâce à cette petite pompe."
L'ouïe, comment ça marche?
"De tous les sens, l'ouïe est celui qui trouble le plus l'âme, qui la frappe et l'émeut avec le plus de promptitude", disait Charles Rollin, historien et professeur de français. Des larmes, des frissons, la chair de poule. C'est ce que provoque parfois les sons qui viennent à nos oreilles. Mais comment fonctionne l'ouïe ? L'oreille est l'organe de l'audition mais aussi de l'équilibre. Commençons par le pavillon, une sorte d'entonnoir à bruit qui capte les vibrations. Ensuite, c'est le conduit auditif qui les canalise jusqu'à une membrane appelée tympan. Pour comprendre l'oreille il faut avant tout comprendre le son, une vibration qui oscille plus ou moins vite. Avec un son grave, le tympan vibre plutôt lentement. Avec un son aigu,la membrane vibre beaucoup plus rapidement. On parle alors de fréquence que l'on exprime en hertz. L'oreille de l'homme est capable de percevoir des sons entre 20 Hz et 20 000 Hz. En plus de la fréquence, notre capacité à entendre, le son dépend aussi de l'intensité sonore avec laquelle il s'exprime. Quand on le mesure, on parle de décibels. L'oreille humaine perçoit les sons compris entre 0 dB et 120 dB. Le système auditif est chargé de transformer cette vibration de l'air en une information décodable par le cerveau en tant que son. La majorité des troubles de l'audtion sont liés à un soucis au niveau de l'oreille...
Quand l'oreille fait défaut...
L'Organisation mondiale de la santé estime que 278 millions de personnes dans le monde souffrent d'une perte auditive modérée ou profonde. Chez nous, ce sont cinq millions de français qui auraient des soucis d'audition, dont deux millions auraient moins de 55 ans (enquête Ipsos de 2003). Parmi ces troubles, la presbyacousie. Elle désigne un vieillissement des oreilles entraînant une surdité progressive. Elle se manifeste essentiellement chez les personnes de plus de 60 ans et les premiers symptômes sont la disparition des sons aigus.
Autre mal tout aussi connu, les acouphènes. Ils apparaissent le plus souvent après une exposition à un volume sonore beaucoup trop élévé, qui a endommagé l'oreille. Ces bruits stridents que l'on entend alors au milieu de la nuit, ou le bourdonnement incessant dans les oreilles n'existent pas . Ils résultent du mauvais fonctionnement de l'oreille interne. Des influx nerveux aléatoires sont transmis au cerveau, qui les interprète ainsi en sons Pour rappel, 8% de la population française serait touchée par les acouphènes. De plus, ce mal peut être associé à de l'hyperacousie. Dans ce cas, les sons forts sont encore plus forts que leur volume réel. Enfin, la surdité de l'enfant existe. Elle représente en France environ 450000 enfants de moins de 18 ans sourds ou malentendants. Cette surdité peut être de nature génétique. Pour tous ces troubles de l'audition, des solutions existent: prothèses auditives, implants cochléaires. Ils sont efficaces et révolutionnent le quotidien des malentendants. Alors, stopper le vieillissement de l'oreille et réguler l'activité du nerf auditif pour les personnes victimes d'acouphènes, voilà les prochaines étapes qui sont sur le point d'être franchies par le Pr Puel et son équipe...
A partir de 65 ans des problèmes auditifs dus au vieillissement apparaissent. Selon le ministère de la Santé, notre pays compterait 5,2 millions de déficients auditifs. Des chiffres qui ne vont pas s'arranger. En cause ? Le comportement de nos jeunes qui ont pour la plupart un baladeur constamment vissé aux oreilles. Parallèlement à ça, l'espérance de vie augmente et les personnes âgées sont de plus en plus en bonne santé. Conclusion, l'audition devient alors un problème très important et le marché des prothèses auditives a semble-t-il un bel avenir devant lui. Désireuse d'aller plus loin, la recherche française pourrait avec sa nouvelle découverte révolutionner notre futur. Comment ? En ralentissant la perte d'audition liée au vieillissement. C'est l'histoire d'une équipe de chercheurs en neurosciences de Montpellier...