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Étude française

Seniors : l'effet protecteur des protéines

Par Julian Prial

Consommer suffisamment de protéines a un effet protecteur contre la fragilité après 65 ans, indépendamment des apports énergétiques totaux. 

ISOPIX/SIPA

Les protéines protègent contre la fragilité chez les seniors, à condition d’en consommer suffisamment. C’est ce que montrent des chercheurs français de l'Inserm (1) qui ont travaillé sur la cohorte des trois cités, composée de personnes de plus de 65 ans vivant à domicile.

Plus précisément, ils ont sélectionné 1 345 sujets âgés de 74 ans en moyenne vivant à Bordeaux, tirés au sort ou volontaires, recrutés entre 1999 et 2000. Ces personnes ont répondu à une enquête alimentaire à leur domicile menée par un diététicien. Cette enquête portait sur leur alimentation des 24 dernières heures. Grâce à ce recueil, les apports protéiques journaliers moyens et les apports énergétiques totaux des participants ont pu être calculés.

Toutes les protéines protègent autant 

En parallèle, la fragilité des individus a été évaluée par un autre questionnaire complété par eux-mêmes. Elle reposait sur cinq facteurs : une perte de poids de plus de trois kilos et non intentionnelle au cours des derniers mois, la fatigue rapportée face à un effort à fournir, la faiblesse musculaire évaluée sur la marche, la montée d’escaliers ou encore la capacité à se lever d’une chaise, la lenteur de la marche sur une distance de six mètres et enfin un temps d’activité physique hebdomadaire inférieur à une heure.
A la fin, 4 % des personnes étaient considérées comme fragiles car elles répondaient à au moins trois des critères pris en compte.

Mais surtout, les chercheurs ont constaté que les personnes fragiles étaient peu nombreuses à consommer suffisamment de protéines. Elles étaient seulement 36 % à ingérer au moins 1 gramme de protéine par kilo, soit un seuil légèrement supérieur aux recommandations, contre 58,6 % des personnes plus robustes.
« Un lien tout à fait significatif », d'après les membres de l'équipe, qui leur a permis de conclure que des apports protéiques suffisants réduisent de près de 60 % le risque de fragilité et ce, que les protéines soient d’origine animale (présentes dans les viandes, les œufs, les produits laitiers...) ou végétale (légumineuses, céréales, graines, etc).

Suivre les recommandations du PNNS français

À contrario, les apports énergétiques totaux n’étaient pas associés au risque de fragilité. Un résultat qui n’a pas surpris Catherine Feart, responsable des travaux. Sur le site de l'Inserm, elle confie : « Les protéines sont des constituants musculaires et protègent contre la sarcopénie, alors que les apports énergétiques totaux peuvent être pourvus par les lipides, glucides ou encore l'alcool qui n’ont pas ces fonctions. Or, la fragilité chez la personne âgée expose au risque de chute, d’hospitalisation ou encore d’institutionnalisation. De plus, elle accélère le déclin en cas de choc ou de stress psychologique ou physique. »

« Ces résultats sont donc une incitation forte à consommer suffisamment de protéines », rappelle-t-elle. Le Programme national nutrition santé (PNNS) recommande à ce sujet de manger tous les jours de la viande, du poisson ou des œufs, en plus des protéines végétales.

 

(1) Unité 1219  Inserm/université de Bordeaux, ISPED, Bordeaux