La vague d’espoir qui a submergé les addictologues et leurs patients alcoolo-dépendants pourrait se concrétiser. Les résultats préliminaires de deux études françaises sur l’efficacité du Baclofène ont été présentés au congrès mondial d’addictologie aujourd’hui. Ils sont encourageants, et pourraient mener à une autorisation de mise sur le marché.
La première, appelée Bacloville, s’est intéressée à confirmer la sûreté du médicament prescrit à fortes doses, mais surtout à sa capacité à faire baisser la consommation des patients. Dans cette optique, ils ont recruté 320 personnes présentant des problèmes d’addiction, dont les éventuels traitements de sevrage avaient été interrompus, et pour lesquelles il n’était pas demandé de stopper la consommation d’alcool.
Efficace pour plus d’un patient sur deux
Après un an de traitement, presque 57 % des patients sont parvenus à baisser leur consommation au-dessous d’une limite jugée « médicalement correcte » – soit quatre verres par jour – voire même jusqu’à l’abstinence. Dans un groupe placebo, seuls 36 % y sont parvenus.
La seconde étude, Alpadir, avait été conçue pour observer l’efficacité du médicament dans le maintien de l’abstinence. De ce côté, les chiffres ne permettent pas de conclure quant à un intérêt particulier : 11,9 % des abstinents sous Baclofène le sont restés, contre 10,5 % pour les patients du groupe placebo.
Alpadir a en revanche permis de confirmer les résultats de Bacloville : les chercheurs ont observé une baisse de la consommation dans les deux groupes de l’essai, mais surtout dans le groupe Baclofène.
Un effet placebo important
En plus d’une efficacité maintenant prouvée, les résultats sont dynamisés par l’effet placebo. Le Baclofène jouit d’une telle réputation auprès des personnes alcoolo-dépendantes, que celle-ci influence en partie ces bons résultats. Pour l’essai Bacloville par exemple, 36 % des patients du groupe placebo avaient réduit leur consommation, soit près de deux fois plus que les résultats sans médication, qui tournent autour de 20 %.
Depuis plus de 10 ans, le Baclofène, originellement utilisé pour soigner les crampes musculaires, a montré qu’il pouvait être utile dans le cadre d’une tentative de sevrage. Mais c’est en 2008 que sa réputation a pris de l’ampleur. Le Dr Olivier Ameisen avait alors publié un livre dans lequel il raconte la manière dont le Balofène l’a aidé dans sa guérison.
En 2014, une recommandation temporaire d’utilisation avait était été accordée. Mais des conditions l’accompagnent : le médicament ne peut être prescrit qu’en cas d’échec d’autres traitements de sevrage, et ne peut l’être pour des patients souffrant d’atteintes neurologiques, psychiatriques, rénales ou hépatiques.
Les addictologues espèrent que ces nouveaux résultats, rassurants sur l’efficacité et les effets secondaires, mèneront à une autorisation de mise sur le marché, qui lèverait ces contraintes.