L’air doit être purifié et de toute urgence. Plus de 48 000 décès sont attribuables à la pollution de l’air en France. Le pays s’étouffe sous les particules fines. Il n’est pourtant pas trop tard pour agir, comme le montre un article du Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) édité par Santé Publique France. Une projection sur la totalité des communes du pays montre qu’agir pour réduire la pollution environnementale aurait un effet bénéfique… y compris dans les zones rurales. A l’heure actuelle, 47 millions de Français sont exposés à des seuils supérieurs aux recommandations internationales.
15 mois d’espérance de vie en moins
Sans surprise, les zones les plus peuplées sont aussi les plus polluées. Dans les aires urbaines de plus de 100 000 habitants, la concentration de particules fines (PM 2,5) atteint des plafonds. 95 % de la population y sont exposés à des seuils qui excèdent les recommandations internationales. La frange nord/nord-est du pays est particulièrement touchée. L’Île-de-France et le sillon rhodanien, sans surprise, sont également très pollués.
Mais ce n’est pas dans ces zones que la population paie le plus lourd tribut. La mortalité est plus élevée dans les aires urbaines intermédiaires. A l’échelle nationale, 9 % des décès sont causés par ce que les auteurs qualifient de « pollution d’origine anthropique ».
La perte d’espérance de vie reste, en revanche, particulièrement marquée dans les grandes aires urbaines (100 000 habitants et plus). A l’âge de 30 ans, leurs habitants vivront probablement 15 mois de moins que la moyenne nationale. Dans les zones rurales, 9 mois sont perdus. Maladies cardiovasculaires, respiratoires et allergies sont autant de conséquences de la pollution qui peuvent être lourdes de conséquences.
Des objectifs variables
Ce phénomène est toutefois réversible, comme le montre cet article du BEH. Dans les 5 % de communes les moins polluées, l’espérance de vie est normale. Le pays doit donc viser cet objectif : il permettrait de réduire de 7 % la mortalité due à la pollution aérienne. L’idéale serait d’atteindre une suppression de la pollution anthropique, même si ce scénario est peu probable. Dans cette hypothèse, le nord/nord-est du pays respirerait mieux. L’impact serait par contre modéré sur les massifs montagneux (Massif central, Alpes, Pyrénées).
Les autres seuils sont bien moins efficaces : l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) souhaite atteindre moins de 10 µg/m3 de particules fines. Un scénario qui ferait gagner 4 mois d’espérance de vie en moyenne. Le Grenelle de l’environnement ne fait pas mieux : avec un seuil de 25 µg/m3, la directive européenne éviterait seulement 11 décès.