La prise d’antibiotiques au cours de la première année de vie accroît les risques de développer des allergies alimentaires dans l’enfance, suggère une étude publiée dans la revue Allergy, Asthma & Clinical Immunology. Cette prédisposition aux allergies serait liée à l’altération de la flore intestinale causée par l’antibiothérapie.
Des études précédentes avaient montré chez des souris traitées par antibiotiques dès leur naissance que le risque de développer des allergies quelles qu’elles soient était beaucoup plus important que chez des souris non traitées. Selon certains travaux, l’explication se trouve au cœur des intestins, et plus particulièrement dans le microbiote. En effet, en détruisant des espèces bactériennes qui colonisent cet organe, les antibiotiques favorisent l’apparition des allergies.
Un risque proportionnel à la prise
Les chercheurs de l’université de Caroline du Sud (Etats-Unis) ont tenté de confirmer ces hypothèses chez l’homme. Ils ont alors suivi 1 500 enfants présentant une ou plusieurs allergies alimentaires et près de 6 000 enfants en bonne santé, et ont cherché à déterminer le rôle des antibiotiques dans leur pathologie.
Leur analyse met en évidence une relation entre la prise d’antibiotiques et le développement d’allergies. Les enfants ayant pris ces médicaments sont 1,2 fois plus susceptibles que les autres d’être atteints d’une allergie. Un risque qui augmente avec le nombre de traitements reçus. Ainsi, trois prises d’antibiotiques au cours de la première année de vie multiplient le risque par 1,3, quatre prises par 1,4 et cinq prises ou plus par 1,6.
En outre, ces travaux montrent que cette association est très forte chez les enfants ayant reçu des céphalosporines et des sulfamides. A l’inverse, la pénicilline ou les macrolides semblent jouer un moindre rôle dans le développement des allergies.
Limiter l'utilisation des antibiotiques
Les auteurs de ces travaux soulignent que les antibiotiques sont souvent mal utilisés, notamment dans le cas d’infections virales où ils sont inutiles, mais qu’il est aujourd’hui difficile de distinguer l’une de l’autre. « Nous avons besoin d’outils diagnostiques plus performants pour identifier les enfants qui ont vraiment besoin d’antibiotiques », indique Bryan Love, le responsable des travaux. La sur-utilisation de ces médicaments rend plus propice l’apparition d’effets indésirables, y compris la possibilité de développer des allergies alimentaires et favorise la résistance bactérienne ».