Alzheimer, cancers, maladies cardiovasculaires… La vitamine D se voit attribuer de nombreux bénéfices dans un large panel de pathologies. Souvent à tort. La très sérieuse collaboration Cochrane s’est penchée sur l’une d’entre elles : l’asthme. Cette substance est en effet suspectée de réduire les infections des voies aériennes supérieures, qui favorisent les crises d’asthme. Dans sa dernière revue de la littérature, la collaboration a rassemblé 7 essais cliniques en pédiatrie et 2 études sur des adultes. Les résultats sont encourageants, conclut le directeur de ce groupe, mais encore une fois sans être exceptionnels.
Moins de médicaments d’appoint
La supplémentation en vitamine D est régulièrement utilisée en population générale. Chez les patients asthmatiques, elle peut s’avérer utile en complément du traitement habituel. Des travaux ont déjà suggéré qu’une carence pouvait être particulièrement délétère dans cette population. La revue Cochrane semble le confirmer. Le risque de crise d’asthme sévère est réduit lors d'une supplémentation : le taux de participants qui doivent se rendre aux urgences passe de 6 % à 3 %. La proportion de crises nécessitant une prise de corticostéroïdes recule aussi de 40 %. Ces médicaments inhalés permettent de rétablir un diamètre correct des bronches.
En revanche, pas de miracle du côté de la capacité respiratoire ou des symptômes quotidiens : sur ces paramètres, la vitamine D n’a absolument aucun effet. Cette supplémentation a tout de même le mérite de ne pas provoquer d’effets secondaires. Le Pr Adrian Martineau, qui a coordonné la revue, appelle à la prudence, au vu de ces conclusions. « Les résultats liés aux crises d’asthme sévères ne proviennent que de trois études », souligne-t-il.
Plusieurs éléments poussent à prendre du recul : le nombre de participants atteints d’asthme sévère était restreint dans les différents travaux et peu de résultats concluants ont été obtenus chez l’enfant. « Rien ne permet d’affirmer que la vitamine D peut réduire le risque de crise d’asthme sévère chez tous les patients, ou si cet effet ne s’observe que chez ceux qui ont de faibles taux de vitamine D », ajoute Adrian Martineau. Selon toute logique, d’autres études sont nécessaires chez les patients adultes et enfants afin de répondre à cette interrogation.
Trois indications reconnues
Longtemps encensée, la vitamine D semble traverser une période de remise en question. Le recours excessif aux dosages a poussé la Haute Autorité de Santé (HAS) à émettre une note de cadrage en 2013, sur demande de l’Assurance maladie. Il faut dire qu’entre 2007 et 2009, ces examens ont explosé de 250 % ! Alors remboursés, ils ont occasionné une dépense de 52 millions d’euros pour la Sécurité sociale.
Après un examen approfondi, la HAS conclut que « doser la vitamine D ne présente aucune utilité démontrée dans un grand nombre de situations cliniques ». Elle retient trois indications, qui correspondent à un risque de perte osseuse : la personne âgée qui chute régulièrement, le suivi osseux d’une personne qui a reçu une greffe de rein et le suivi de la chirurgie bariatrique. En effet, cette intervention peut entraîner une mauvaise absorption de certains nutriments, dont la vitamine D. Préserver la santé des os est alors essentiel. Dans les autres cas, le remboursement n’est désormais plus en vigueur. Les personnes qui se pensent carencées doivent donc payer l'analyse sanguine. Les carences en vitamine D peuvent être liées à un manque d'exposition au soleil ou à des apports alimentaires insuffisants.