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En Italie

Village de centenaires : une hormone de jouvence repérée

Par Julie Levallois

Le village d'Acciaroli compte de nombreux centenaires. Les habitants de la région qui l'encercle vivent eux aussi très longtemps. Une hormone expliquerait cela.

Deux habitants du village d’Acciaroli (sphingotec/Oliver Ziebe)
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Avec une concentration impressionnante de centenaires, Acciaroli (Italie) semble détenir le secret de la longévité. C’est en fait toute la région qui entoure ce pittoresque village, le Cilento, qui jouit d’une espérance de vie enviable : 92 ans pour les femmes et 85 ans pour les hommes. La région de Cilento possède la plus forte concentration de personnes âgées.

Bénéfice du climat ou miracles du régime méditerranéen ? A moins qu’il ne s’agisse de facteurs génétiques favorables… C’est à cette série d’interrogations que l’université La Sapienza de Rome (Italie) répond aujourd’hui. Lors d’un symposium dédié à son étude pilote CIAO (Cilento Initiative on Aging Outcome), l’équipe du Pr Salvatore Di Somma dévoile l’un des secrets de cette région côtière. Il réside dans une hormone clé.

Une bonne circulation fine

Avant de parvenir à ce résultat, les chercheurs romains ont parcouru la région du Cilento à bord d’un bus. Ils ont fini par rassembler 29 personnes très âgées – de 92 ans en médiane – et 52 membres plus jeunes de leur famille qui vivent dans le même foyer. Il y a donc fort à parier qu’ils partagent la génétique de leurs aînés ainsi que le mode de vie.

Parmi les facteurs de longévité déjà soulevés figurent le patrimoine génétique et l’alimentation. Un régime méditerranéen aiderait, notamment. Mais l’équipe italienne avance une autre piste : la microcirculation assurée par les capillaires sanguins. Ce sont ces petits vaisseaux qui assurent l’approvisionnement en nutriments et en oxygène des organes et des muscles. Leur bonne dilatation régule la pression artérielle et la température.

La santé vasculaire des volontaires a donc été examinée à la loupe. Trois marqueurs ont fait l’objet d’une surveillance accrue : un reflète la santé des reins ; un autre celle du cœur. Le troisième est moins connu : l’adrénomédulline (bio-ADM), une hormone libérée par les cellules qui tapissent l’intérieur des vaisseaux sanguins. Lorsque leur concentration est faible, la microcirculation est intacte.

Le rôle du régime méditerranéen

« De faibles concentrations de ce biomarqueur indiquent une bonne fonction des systèmes endothélial et microcirculatoire, ce qui permet une bonne alimentation des organes et des muscles », souligne le Pr Salvatore Di Somma. Sans surprise, les personnes très âgées et en bonne santé avaient de moindres taux de bio-ADM dans le sang.

Reste encore à confirmer ces résultats. Les chercheurs sont en train d’étendre l’étude à 2 000 habitants du parc national du Cilento. Ils espèrent aussi comprendre pourquoi certains composants du régime méditerranéen sont bénéfiques pour la santé. « Si la bio-ADM s’avère être un biomarqueur fiable de longévité, cela va ouvrir la voie à une analyse systématique des facteurs contribuant à la longévité », s’enthousiasme Andreas Bergmann.