La coqueluche est souvent considérée comme une maladie infantile. A tort, puisqu’elle n’épargne pas les adultes, et qu’une recrudescence de cas est même observée depuis quelques années. En cause, l’efficacité du vaccin utilisé depuis la fin des années 1990 qui s’étiole avec le temps. Conséquence, des rappels sont nécessaires au cours de la vie pour maintenir la protection contre la bactérie responsable de cette maladie respiratoire. Or peu d’adultes sont à jour de leurs rappels.
C’est avec l’objectif d’améliorer cette immunisation des adultes que la société française DBV Technologies, associée à BioNet-Asia, a choisi de développer un vaccin sous forme de patch. La société connaît bien la technologie puisqu’elle commercialise déjà des patchs Viaskin pour le traitement des allergies à l’arachide, rappelle Le Monde. « Utiliser les propriétés immunitaires de la peau représente un changement de paradigme majeur dans le domaine de la vaccination », souligne le Dr Pierre-Henri Benhamou, PDG de DBV Technologies. Et de fait, si les résultats expérimentaux sont reproduits chez l’homme, Viaskin rPT pourrait devenir le premier vaccin non-invasif et auto-administrable contre la coqueluche. Car le patch permettrait de réaliser son rappel vaccinal, après prescription, en toute autonomie. Pour les allergiques aux aiguilles, la disparition de la piqûre de rappel pourrait aussi être un argument de poids.
Si la technologie est française, c’est en Suisse que l’essai clinique de phase 1 qui débute sera mené. « Nous savons que de fréquents rappels sont nécessaires au maintien de la protection contre la coqueluche, et nos résultats précliniques ont montré que Viaskin pouvait réactiver la protection immunitaire. Nous sommes impatients de voir si ces résultats sont réplicables chez l'homme », a commenté le Pr Claire-Anne Siegrist, directrice du Centre de Vaccinologie des Hôpitaux universitaires de Genève. Cette étude de phase I randomisée, en double aveugle, contre placebo, évaluera l'innocuité et l'immunogénicité de doses progressives du patch chez 60 jeunes adultes en bonne santé.
Maintenir son immunité contre la coqueluche à l’âge adulte permet certes de se protéger contre une infection, mais c’est aussi un élément primordial pour protéger les plus jeunes. Les bébés, même vaccinés, ne sont pas totalement protégés contre la bactérie avant leurs six mois. Or chez les tout-petits, la coqueluche peut mener à des complications majeures, voire parfois mortelles. Et avoir déjà eu la coqueluche n’est nullement un argument pour ne pas réaliser ses rappels : la maladie ne confère pas non plus une immunité à vie. L' INPES recommande ainsi, outre un rappel à 25 ans, de vacciner l'entourage des nourrissons si le dernier rappel date de plus de 10 ans.