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QUESTION D'ACTU

Obésité

Le tissu adipeux échange avec notre cerveau

Le tissu adipeux n'est pas un simpl réservoir de graisses mais il remplit plusieurs fonctions physiologiques. En cas d'obésité, il devient délétère pour la santé, mais  il pourrait bien recéler les ressources nécessaires pour lutter contre le surpoids.

Le tissu adipeux échange avec notre cerveau DESRUS BENEDICTE/SIPA




Vous vous moquez de la bedaine du Père Noël ?! Pourtant, ces surplus de masse grasse qui le gênent dans ces mouvements (mais ne nuisent pas pour autant à sa légende…) ne mérite pas tout ce mépris. Bien au contraire, le tissu adipeux est devenu depuis une bonne dizaine d’années l’objet d’attention de nombreux chercheurs, biologistes et médecins. « Ce n’est pas un tissu amorphe, peu noble, uniquement dédié au stockage de la graisse, témoigne le Pr Karine Clément, responsable de l’Institut de Cardiométabolisme et Nutrition (ICAN) à la Pitié Salpétrière à Paris . « Il est considéré aujourd’hui comme un véritable organe qui, en produisant un certain nombre de molécules dialogue avec le cerveau, le foie, le muscle, le cœur… »

Ecouter le Pr Karine Clément, coordinatrice d’ICAN, « C’est quand même une sorte de révolution, on est passé d’un tissu amorphe à un véritable organe comme une glande endocrine… »
 

Les adipocytes sont les cellules spécifiques du tissu adipeux.  Ces cellules stockent et libèrent les acides gras, principalement sous le contrôle du pancréas (qui produit l’insuline). Mais, l’adipocyte est également considéré comme producteur de nombreuses molécules comme la leptine qui « dialogue » avec le cerveau pour le contrôle de la prise alimentaire…

Ou l’adiponectine qui a des effets sur la sensibilité à l’insuline… Mais ce mécanisme biochimique, encore plus précis qu’un système d'horloge suisse, peut être perturbé par le stockage trop important des graisses. Ainsi, un adipocyte hypertrophié produira moins d’adiponectine, c’est-à-dire qu’il sera moins sensible à l’insuline, et donc moins susceptible de libérer les acides gras…
Mais ce n’est pas tout, en situation d’obésité, les adipocytes sont presque considérés par les chercheurs comme des cellules en perte de contrôle. Tout récemment une équipe de l’ICAN a montré qu’un complexe protéique responsable du contrôle de la production de molécules inflammatoires ne pouvait plus entrer en action lorsque l’adipocyte est hypertrophié.  Les adipocytes se mettent alors à les produire en quantité irraisonnée. Des molécules qui vont aussi attirer des macrophages, ces cellules du système immunitaire, qui elles-mêmes produisent des molécules « pro-inflammatoires »…

Ecouter le Pr Karine Clément. « C’est vraiment tout un cocktail de molécules qui est fabriqué par le tissu graisseux »
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Ce cocktail de molécules inflammatoires perturbe ensuite les tissus environnants. C’est pour cette raison que la graisse abdominale profonde est considérée comme un grand facteur de risque : diabète, hypertension, maladies coronariennes, mais aussi certains cancers du sein, du colon…

La meilleure compréhension du tissu adipeux et des processus biochimiques déclenché par l'obésité permet de chercher de nouvelles pistes thérapeutiques. Par exemple, en permettant à l’adipocyte de reprendre le contrôle de la production des molécules inflammatoires.

Mais il y aussi d’autres pistes de recherche. « On s’intéresse beaucoup aux cellules précurseurs des adipocytes qui sont encore présentes dans le tissu adipeux, explique Karine Clément. Ces cellules peuvent se transformer soit en adipocyte blanc, c’est-à-dire une cellule de stockage, soit en adipocyte brun, une cellule beaucoup plus petite qui a la capacité de brûler, de consommer les graisses pour produire de la chaleur ». Ces cellules servent chez l’animal aux mécanismes de l’hibernation… De la même manière chez l’homme, elles sont actives chez les bébés pour maintenir la chaleur. Et en 2009, des équipes ont montré que l’adulte a encore des adipocytes bruns…

Ecouter le Pr Karine Clément. « On pensait que les adipocytes bruns n’étaient plus actif chez l’homme mais les chercheurs sont revenus sur cette hypothèse. »
 

Ainsi, le tissu adipeux est loin de n'être qu'un vulgaire réservoir de graisses. Il joue de nombreux rôles physiologiques, et paradoxalement il pourrait bien recéler les ressources nécessaire à la lutte contre l’obésité.

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