Qui n’a jamais enfilé ses baskets un lendemain d’une soirée trop arrosée, pensant que quelques tours de parc permettraient d’« effacer » les excès de la veille ? Une pratique peut-être déculpabilisante, mais difficilement justifiable médicalement. Du moins jusqu’à aujourd’hui ! La science pourrait en effet apporter de l’eau au moulin des joggeurs-fêtards, si l’on en croit le Monde, qui relate les travaux d’une équipe de recherche internationale parus dans le British Journal of Sports Medicine.
Dans leur article, les chercheurs ont tenté de déterminer si l’activité physique pouvait modérer la mortalité liée à l’alcool. Ils ont donc analysé les données de huit cohortes rassemblant plus de 36 000 Britanniques âgés de 40 et plus. Les scientifiques ont ensuite étudié les causes de mortalité, l’activité physique pratiquée et l’alcool consommé. Première constatation des chercheurs : ils confirment bien le lien entre survenue de cancer et quantité d’alcool absorbée. Mais les statistiques sont sans appel : la mortalité liée à l’alcool est bel et bien diminuée chez ceux et celles qui pratiquaient une activité physique ! De là à penser que le footing du dimanche matin est effectivement salvateur, il n’y a qu’un pas, qu’il convient évidemment de ne pas franchir.
En effet, l’effet « protecteur » de l’activité physique n’est observé qu’au-delà d’un certain seuil, à savoir au moins 150 minutes d’activité intense ou modérée par semaine. Et les chercheurs mettent eux-mêmes des bémols à leurs travaux en soulignant qu’il s’agit d’une étude observationnelle : impossible donc d’en tirer un quelconque lien de causalité. « Etant donnés les ravages sanitaires et sociétaux de l’alcool, nous ne pouvons pas suggérer que l’activité physique donnerait un « permis de boire », insiste Emmanuel Stamatakis, qui a dirigé l’étude. Mais notre étude donne de bonnes raisons d’encourager les personnes qui boivent à avoir une activité physique. » Pour le chercheur, ces résultats devraient aussi être un argument pour décider les politiques à investir dans des « environnements facilitant l’activité physique ».
Les données recueillies indiquent aussi que les personnes qui boivent, en restant dans les recommandations britanniques, ont 36 % de risque en plus de mourir d’un cancer en comparaison d’une personne abstinente. En France, l’alcool tue chaque année près de 49 000 personnes.