Smartphone, tablette, ordinateur, télévision… Près d’un enfant de moins de 3 ans sur deux utilise déjà ces écrans interactifs environ 30 minutes par semaine, et près d’un tiers l’utilise sans la présence d’un adulte, alerte l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA).
Inquiète de l’impact négatif que peuvent avoir ces appareils sur le développement des jeunes enfants, l’AFPA a réalisé une enquête descriptive auprès de parents suivis par 144 pédiatres (1). Elle révèle, notamment, que 44 % des parents prêtent leur téléphone portable à leur enfant de moins de 3 ans pour le consoler ou l’occuper. Plus d’un tiers des enfants ont également déjà visionné un programme télé non adapté à leur âge, comme le journal télévisé.
Limiter le temps sur la tablette
Pour le Dr François-Marie Caron, pédiatre à Amiens, il est important de donner des repères aux parents afin d’introduire ces écrans au bon moment et de la meilleure façon, en s’appuyant par exemple sur la règle « 3-6-9-12 ». Ainsi avant 3 ans, les pédiatres recommandent de privilégier les jeux traditionnels et les livres pour aider l'enfant à construire ses repères spatiaux et temporels.
Ceux-ci ont également pour objectif qu’il apprenne à interagir à la fois avec son environnement et son entourage. « L'enfant n'a pas besoin d'une tablette pour se développer. S'il n'en a pas, il ne prendra pas de "retard" sur les autres, explique le spécialiste. Si l'enfant est demandeur, on peut l'initier à son utilisation, à partir de 2 ans et demi. Il est important de privilégier le jeu à partager, sans autre but que de jouer ensemble ».
Pour les plus grands, entre 3 et 6 ans, l’utilisation des tablettes peut prendre plus de place, sans toutefois le monopoliser. « À cet âge, il est indispensable de respecter 4 conditions : toujours utiliser la tablette sur des périodes courtes et jamais pendant le repas ou avant de dormir, être accompagné par un adulte ou un aîné, poursuivre l'unique objectif de jouer et utiliser des logiciels adaptés », précise le Dr Caron.
Outre la tablette, la télévision préoccupe beaucoup les pédiatres. De fait, cet écran est toujours plébiscité par les plus jeunes, et il est loin d’être utilisé à bon escient. Aussi, pour les pédiatres, les enfants de moins de 3 ans ne devraient pas regarder la télévision, du fait de l’absence de programmes adaptés. Chez les aînés, là encore, les mots d’ordre sont accompagnement et limites.
Une surveillance étroite même après 12 ans
A partir de 9 et 12 ans, d’autres écrans et usages s’installent dans le quotidien. Les spécialistes estiment que les enfants de 9 ans peuvent surfer seuls sur internet si les parents leur ont appris à se protéger, et expliqué que tout ce qu’ils publieront sur cet espace dématérialisé est enregistré pour toujours. Mais le Dr Caron émet une exception : les réseaux sociaux. « Ils sont à éviter avant 12 ans : certes ils représentent un nouvel espace d'expérimentation sociale et assouvissent le besoin de divertissement et de communication des jeunes adolescents, mais ils peuvent aussi, paradoxalement, engendrer un sentiment de solitude, une baisse de l'estime de soi, et surtout, des risques de harcèlement », explique le pédiatre.
Le spécialiste considère également que la pratique des jeux vidéo, particulièrement ceux en réseau, et la possession d’un téléphone portable devraient être encore étroitement surveillées par les parents, en raison du risque de mésusage qui peut retentir sur le sommeil et les résultats scolaires.
(1) Enquête réalisée en février 2016 par 144 pédiatres de l'Association Française de Pédiatrie Ambulatoire auprès parents de 197 enfants de moins de 3 ans (âge moyen : 20 mois) et 231 enfants de plus de 3 ans scolarisés en école primaire (âge moyen : 6,5 ans)