Si vous lisez ces lignes, c’est que vous avez survécu au 21 décembre 2012. Il faut donc se rendre à l’évidence, ceux qui prédisaient la fin du monde n’ont visiblement pas encore percé tous les secrets du calendrier maya. Ou plutôt des calendriers, car les premiers habitants du Sud du Mexique, du Guatemala et du Belize utilisaient en parallèle plusieurs calendriers. Celui à qui l’on doit l’agitation pré-apocalyptique des ces derniers jours avait des cycles de 1525 ans dont le dernier prévu est arrivé à terme hier. Un autre était basé sur l’année solaire, que les Mayas avaient su estimer à 365 jours avec une précision digne de l’astronomie moderne. Quant au plus sacré de tous, encore utilisé par certaines communautés notamment au Guatemala, il est composé de 260 jours, soit l’équivalent de 9 lunes, exactement le temps d’une grossesse.
Toute la culture maya repose sur cette notion d’alternance de cycles, garantie d’harmonie. La médecine maya, étonnant mélange de science et de religion, n’y échappe pas. Pas question de séparer le biologique du psychique, du social, de l'environnemental et du cosmique. Notre santé est le point d’équilibre parfait entre ce que nous sommes et ce qui nous entoure, la maladie n’est que le signe apparent d’un déséquilibre. Dans le Chiapas, au Sud du Mexique, on vous expliquera donc que répandre des engrais est un manque de respect à la terre qui, en retour, peut causer des maux de tête et de ventre à celui qui les utilise, voire le rendre infertile. Notre médecine occidentale soupçonne les pesticides d’être des perturbateurs endocriniens, les symptômes observés ne sont finalement pas si éloignés...
Pendant l’apogée de l’ère maya, entre le 6e et le 9e siècle, la médecine était pratiquée par l’élite religieuse. Ces prêtres se succédaient de père en fils et leur savoir ne se transmettait qu'à l'intérieur de la famille. La redécouverte depuis le 19e des cités mayas (Chichen Itza ou Uxmal au Mexique, Tikal au Guatemala...) enfouies par la forêt et oubliées, a permis de mettre au jour les outils dont disposaient ces médecins. Et ils n’étaient pas rudimentaires. Les Mayas savaient suturer les plaies à l’aide de cheveux humains et réduire les fractures. Ils soignaient les caries et posaient des prothèses dentaires finement travaillées en jade et en turquoise. La chirurgie était également pratiquée à l’aide de lames en obsidienne. Les femmes accouchaient accroupies, appuyées sur les genoux de leur mari et aidées par une sage-femme. Ces accouchements traditionnels sont d’ailleurs encore nombreux dans les régions rurales.
En guise de médicaments, la faune et surtout la flore étaient mises à contribution pour concocter des remèdes qui pouvaient être ingérés, fumés ou encore appliqués directement sur la peau. Les pathologies, les aliments et les plantes étaient répartis en deux groupes : chaud et froid. Les fièvres, diarrhées et nausées par exemple, étaient considérées comme des maladies « chaudes ». Il fallait donc pour les soigner faire appel à des plantes froides comme l’oxalis corniculée ou la sauge rouge et éviter les aliments chauds comme l’ail, le poivre ou le gingembre. Inversement, une maladie froide comme la toux, la constipation ou la paralysie se traitait à l’aide de plantes chaudes et d’aliments froids. De nombreuses plantes de la phytothérapie maya sont à l’origine des principes actifs de nos médicaments actuels. Le Guatemala a d’ailleurs intégré la médecine maya dans son système de santé publique, de sorte que les plantes officinales peuvent être prescrites dans les hôpitaux. Mais la médecine maya et sa phytothérapie ne subsistent plus que dans certaines communautés indigènes. Au Mexique et au Guatemala, des associations comme Omiech et Medicos Descalzos s’organisent pour que ce savoir médical ancestral ne disparaisse pas et qu’il puisse servir aux populations locales dans des régions où la notion de désert médical se vit au sens littéral.