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Etats-Unis

Antibiorésistance : découverte d'une 4ème superbactérie

Par Anne-Laure Lebrun

Des médecins américains ont découvert chez une jeune patiente une nouvelle souche d'E.coli résistante à l'antibiotique de dernier recours. C'est la 4ème en moins de 6 mois. 

NIAID/Flickr

La menace de l’antibiorésistance plane de plus en plus sur les Etats-Unis. Les Centres de prévention et de contrôle des maladies (CDC) ont identifié un 4ème patient infecté par une super-bactérie résistante à l’antibiotique de dernier recours, la colistine.

L’agent pathogène, une Escherichia coli, a été isolé chez une petite fille résidant dans le Connecticut. Elle a développé de la fièvre et une colite hémorragique lors d’un voyage de deux semaines dans les Caraïbes en juin dernier. Les symptômes se sont déclarés le 12 juin. Deux jours plus tard, à son retour aux Etats-Unis, la jeune patiente est admise aux urgences mais son état ne requière pas d’hospitalisation.


Une découverte préoccupante

Les médecins réalisent tout de même des prélèvements de selles. Ces analyses révèlent la présence d’une souche d’E.coli porteuse du gène mcr-1 conférant une résistance à la colistine. Mais résultat surprenant, les diarrhées hémorragiques de la petite fille ne sont pas dues à cette bactérie, mais à une autre espèce bactérienne. Il est donc possible d’être contaminé par cette super-bactérie multi-résistante et pour autant ne pas être malade.

Reste que cette nouvelle découverte d’une bactérie résistante à la colistine inquiète. De fait, le gène mrc-1 peut être transmis à d’autres bactéries. Un porteur sain peut donc infecter son entourage sans le savoir, ce qui favorise l’émergence de l’antibiorésistance.

Dans le cas de la petite fille, sa famille et son environnement ne semblent pas avoir été contaminés, notent les auteurs. Ils suggèrent que la patiente a été infectée lors de son voyage, mais sans pouvoir l'affirmer. Une origine inconnue qui doit pousser les médecins à rapporter systématiquement l’identification de bactérie porteuse du gène mrc-1 afin de suivre son évolution et limiter les potentiels sources de transmission.


Identifiée en 2015

Aux Etats-Unis, la première bactérie résistante à la colistine a été repérée en mai dernier en Pennsylvanie chez une femme souffrant d’une infection urinaire. Là encore, l’origine de la contamination n’a pas été déterminée. En moins de 6 mois, cette souche bactérienne est détecté chez deux autres personnes. Mais le reste du monde n'est pas épargné puisque tous les continents ont déjà identifié cette superbactérie qui défie les antibiotiques depuis 2015.

Un phénomène à enrayer rapidement, car si ces micro-organismes venaient à se répandre, les soins fréquents, comme la césarienne ne pourraient plus être pratiqués, et les maladies aujourd’hui bénignes pourraient redevenir mortelles. Un rapport britannique a même estimé qu’en 2050, 10 millions de décès dans le monde pourraient être attribués à l’inefficacité des antibiotiques, soit plus que le cancer.

Pour continuer à bénéficier de ces médicaments, les experts sont unanimes : il faut mettre fin à l’usage massif, et trop souvent inutile, des antibiotiques. Le développement de nouvelles molécules est aussi un volet indispensable, mais pour le moment, aucune n’est assez efficace contre ces super-bactéries multirésistantes.