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Etude sur 279 enfants

Surpoids : pourquoi il augmente à l’adolescence

Par Audrey Vaugrente

Les adolescents ont tendance à accumuler les kilos avec la puberté. Le phénomène s'expliquerait par une baisse brutale des dépenses caloriques.

londondeposit/epictura

Avec la puberté, la pilosité se développe, les boutons d’acné apparaissent… et les kilos s’empilent. Le taux de surpoids s’envole vers 15 ans. Jusqu’ici, sans explication. Une équipe de l’université d’Exeter (Royaume-Uni) avance une piste : celle des dépenses d’énergie. La puberté fait chuter de presque un quart les besoins en calories. Mais la consommation alimentaire, elle ne chute pas, expliquent les auteurs d’une étude parue dans l’International Journal of Obesity.

500 calories de moins

Un suivi de 279 enfants, âgés de 5 ans au début des recherches, a été mis en place pendant une durée de 12 ans. Echantillons sanguins, mesures de la taille et du poids… Rien n’a été omis. Les chercheurs ont même utilisé un protocole original pour évaluer leurs dépenses énergétiques : les jeunes participants ont été placés dans un appareil étanche qui a permis de mesurer l’oxygène qu’ils consommaient. A partir de ces données, les calories dépensées ont été évaluées.

Les résultats sont pour le moins surprenants. La logique voudrait qu’avec la puberté et les poussées de croissances, les demandes en énergie explosent. C’est en fait le contraire : à l’âge de 15 ans, la consommation calorique au repos des volontaires a fortement reculé. Par rapport aux mesures effectuées quand ils avaient 10 ans, elle chute de 400 à 500 calories – soit presque un quart de moins. Ce n’est qu’un an plus tard que l’organisme réclame davantage d’apports.

Deux situations critiques

L’adolescence est aussi un moment où l’activité physique chute fortement. Entre 7 et 16 ans, les dépenses énergétique chutent d’un tiers. Un recul non négligeable qui ne s’accompagne pas d’une réduction de l’alimentation. Le cocktail parfait est réuni pour une prise de poids. Les évaluations françaises confirment cette tendance. En grande section maternelle, 8 % des enfants sont en surpoids et 3 % en situation d’obésité. Lors du passage en 3e, ils sont deux fois plus nombreux à présenter une surcharge pondérale.


Le constat est d’autant plus inquiétant qu’une obésité avant l'âge adulte favorise la survenue de maladies cardiovasculaires et de diabète. Or, les chercheurs déterminent deux périodes critiques dans l’excès de poids : l’enfance – alors que le régime et l’hygiène de vie sont déterminés par les parents – et la puberté.

La question reste de savoir pourquoi l’organisme réduit autant ses dépenses. D’après l’équipe d’Exeter, la réponse pourrait résider dans notre évolution ancienne. « Nous aurions évolué pour économiser les calories afin de s’assurer d’en posséder suffisamment pour les modifications corporelles de la puberté, avance le Pr Terry Wilkin. A présent que nous avons suffisamment de calories chaque jour, cette chute est synonyme de prise de poids. »