Après des années d’attente, la naloxone en spray va enfin être délivrée aux usagers de drogues opiacées. Dans une enquête récente, Pourquoidocteur rappelait en effet que l’antidote aux overdoses a reçu le mois dernier le feu vert des autorités sanitaires françaises, qui lui ont délivré une autorisation temporaire d’usage (ATU). Si les programmes fonctionnent bien, chaque consommateur aura à portée de main ce remède qui peut le sauver d'une mort certaine. Très encadré, ce premier pas en France semble timide comparé aux solutions canadiennes déjà très avancées.
Dans un communiqué publié mardi, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) vient d'annoncer la distribution à ses agents de l’antagoniste d'opiacés à administrer par les voies nasales à l’aide d’un spray. S’ils l’utilisent, le naloxone permettra de contenir les effets d’une overdose au fentanyl sur les policiers de la GRC ou sur des personnes en détresse médicale en raison d'une exposition.
Un sédatif 100 fois supérieur à la morphine...
Dans un contexte de flambée des cas d'overdoses mortelles liées à ce puissant sédatif (voir l’encadré ci-dessous), la GPC rappelle que la puissance du fentanyl est estimée comme 100 fois supérieure à celle de la morphine. Le fentanyl est, par ailleurs, un analgésique opioïde synthétique très accoutumant qui peut être absorbé très rapidement par le corps. À l'état pur, une dose d'à peine deux milligrammes de fentanyl, soit l'équivalent de quelques grains de sel de table, peut tuer un adulte.
A ce sujet, la GRC a d’ailleurs mis en ligne sur son site une vidéo relayant des témoignages de policiers intoxiqués dans l'exercice de leurs fonctions. Le fentanyl peut, c’est vrai, être absorbé par la peau et donc consommé de manière accidentelle. C'est le cas notamment si de la poudre est en suspension ou lorsque le produit n'est pas manipulé prudemment. La liste des premiers signes devant alerter est longue : nausées, étourdissements, somnolence, etc.
Une flambée des cas d'overdose au Canada
Depuis le début de l'année 2016, les overdoses mortelles au fentanyl ont pratiquement doublé au Canada, principalement dans les provinces de l'ouest. Au printemps, la Colombie-Britannique avait même dû décréter l'état d’urgence sanitaire, une disposition prise pour la première fois au Canada dans le cadre de la loi sur la santé. Avec le rythme des décès sur le seul premier semestre 2016, les chiffres déjà alarmants de l'an dernier seront, c'est sûr, largement dépassés. En 2015, 474 décès par overdose ont été dénombrés, dont un sur trois lié au fentanyl.
... mais aussi un antidouleur légitime
Enfin, il faut souligner que le gouvernement canadien a prévu, le mois dernier, de prendre des dispositions pour contrôler six substances chimiques entrant dans la fabrication de ce puissant sédatif. Ces composants chimiques qui ne sont pas réglementés, et dont tirent profit le crime organisé et les trafiquants de drogue, seront ajoutés à la liste des drogues interdites, comme la cocaïne ou l'héroïne, a promis le ministère de la Santé.
Pour rappel, le fentanyl est aussi un analgésique légitime souvent prescrit dans les cas de cancers ou de maladies chroniques sous la supervision d'un médecin. C'est ce médicament antidouleur qui a notamment causé la mort, par overdose, du chanteur américain Prince en avril dernier.
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