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Etude internationale

Seniors : les troubles mentaux sont sous-estimés

Par Audrey Vaugrente

Un tiers des personnes âgées a déjà souffert d'une pathologie mentale. Une étude revoit à la hausse la fréquence des troubles psychiques dans cette population.

muhammed/epictura

Les troubles mentaux des seniors ont sans doute été sous-estimés. Une étude parue dans le British Journal of Psychiatry suggère que les tests diagnostiques sont inadaptés aux personnes les plus âgées. Une observation qui se maintient dans les six pays où ont été menées les recherches, dont la Suisse. Les professionnels de santé passent donc à côté d’un nombre élevé de cas, suggèrent les auteurs.

Anxiété, dépression…

L’équipe a réalisé une étude sur 3 100 seniors (65-85 ans), interrogés sur l’état de leur santé mentale. Pour cela, elle a utilisé un questionnaire simplifié, qui raccourcit notamment les questions. « Nous sommes partis de l’idée que les méthodes de diagnostic pour les adultes sont moins adaptées à la détection des troubles mentaux chez la personne âgée », explique le Pr Sylke Andreas, qui dirige les travaux. Les questions longues et élaborées ont tendance à déconcentrer les seniors. L’avis est donc erroné.

De fait, les réponses à cet interrogatoire simplifié ont de quoi alarmer : un volontaire sur trois a déjà souffert d’une pathologie mentale. Un sur quatre en souffrait encore à l’heure du diagnostic. L’anxiété, la dépression, l’abus de substance et les troubles affectifs étaient les plus fréquents.

Des services adaptés

Cette étude contredit fortement l’idée répandue qui veut que les troubles mentaux reculent avec l’âge. Pourtant, l'isolement et les maladies sont deux facteurs qui peuvent favoriser ces symptômes. Les recherches livrent aussi un résultat radicalement différent des enquêtes menées jusqu’ici. En France, par exemple, 17 % des seniors seraient en « détresse psychologique », mais moins de 10 % souffrent de dépression. Des statistiques très éloignées des conclusions des travaux menés chez nos voisins.

Pour Sylke Andreas, la réponse à ce décalage est simple : des méthodes plus efficaces et plus fiables sont nécessaires pour repérer les personnes âgées qui souffrent de troubles mentaux. « Cela va de pair avec le besoin urgent de services psychothérapeutiques adaptés aux personnes âgées, presque totalement absents à ce jour », ajoute-t-elle. Même dans les établissements spécialisés, les EHPAD notamment, ces services sont difficilement accessibles.