Clarifier l’étiquetage nutritionnel : tel était le souhait de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, pour lutter contre la malbouffe. Le projet se précise puisqu'une phase de tests démarre ce 26 septembre. Quatre étiquetages alimentaires simplifiés seront confrontés pendant plus de deux mois. Le ministère de la Santé et le promoteur des tests, le FFAS (1), ont fait le point ce 16 septembre sur la mise en œuvre de cette expérimentation.
Quatre rayons ré-étiquetés
Durant 10 semaines, trois enseignes de supermarchés vont accueillir les étiquetages en concurrence. Deux d’entre eux expriment le bilan global du produit préparé (Nutriscore et SENS), les autres portent sur l’impact des grands nutriments (Nutricouleurs et Nutrirepère). Ces derniers sont dérivés de systèmes déjà en place, au Royaume-Uni notamment.
Des symboles aux objectifs et aux messages différents, dont l'efficacité devra être avérée. En parallèle, le groupe E. Leclerc - qui ne prend pas part à l'évaluation - teste sur ses ventes en ligne un cinquième étiquetage. Il est tiré du logo Health Rising Star australien. Selon nos informations, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a entamé une analyse de ce dernier étiquetage.
Pour les clients de ces soixante supermarchés, il faudra donc faire un choix. Car ce sont plus de 1 200 références qui vont faire l’objet de ces tests. Une brochure, disponible à l’entrée des magasins, permettra de les aiguiller sur le détail de l’expérimentation. Pour 20 établissements, aucun changement n’aura lieu.
Les autres acheteurs pourront tout de même souffler : quatre rayons seront concernés, le traiteur frais, la viennoiserie traditionnelle, les pains et pâtisseries industriels et les plats cuisinés en conserve. A savoir les rayons les plus concernés par les écarts de qualité. « Au bout des dix semaines, on estime à plus de deux millions le nombre d’étiquettes qui auront été stickées », précise le FFAS dans un communiqué.
L’Union européenne dans le viseur
Le comité de pilotage a sélectionné quatre régions pour la phase de test : l’Île-de-France, sans surprise, mais aussi les Hauts-de-France, la Haute Normandie et le Rhône-Alpes. Un choix qui ne doit rien au hasard, dans la mesure où il permet d’inclure à la fois des populations favorisées et lourdement défavorisées. En effet, le protocole stipule que les foyers à faibles revenus doivent être largement représentés dans la moitié des zones d'essai. De fait, ce sont les principales victimes des déséquilibres nutritionnels et du manque d’information.
Comment les achats seront-ils analysés ? Via les tickets de caisse. Le détail des achats fera l’objet d’une étude en profondeur. L’objectif : évaluer l’impact des différents logos entre eux et dans quelle mesure ils font évoluer les choix des clients. Dans cette optique, le CREDOC (2) est chargé de mener des enquêtes qualitatives. L’Agence LinkUp, qui coordonne les travaux, bénéficie aussi d’un agrément de recherche depuis 2013.
Une procédure sérieuse sérieux qui se justifie : la France a en tête l’application de la loi de modernisation du système de santé, qui prévoit une mise en oeuvre volontaire d’un étiquetage simplifié « au moyen de graphiques ou de symboles ».
Mais ça n’est pas le seul événement dans l’esprit du ministère : l’Hexagone va aussi présenter son projet devant l’Europe. En effet, en 2017, les pays membres de l’Union européenne doivent se rencontrer pour comparer leurs différents logos et graphiques. Le but est de parvenir à un même symbole recommandé par l’institution. Une étude menée dans des conditions strictes devrait avoir un poids non négligeable : la France serait le seul pays à s’y être pliée.
(1) Fonds Français Alimentation Santé
(2) Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie