La Loi Veil relative à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) a beau avoir été votée il y a 42 ans, ses détracteurs sont toujours mobilisés. Et c'est sur Internet et les réseaux sociaux que ces opposants mènent leur combat, n'hésitant pas à faire usage de la désinformation.
Sur Franceinfo, Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes, a expliqué ce samedi que « le 28 septembre, [elle] ferai[t] une annonce pour expliquer comment nous allons faire reculer ces sites manipulateurs. Des mesures seront prises pour faire cesser ces sites qui trompent les femmes ».
Elles dénoncent l'existence de sites web qui, sous des faux airs d'informer les jeunes femmes sur la problématique de l'avortement, font en fait passer leurs idées "pro-life". Ces sites, « il faut en parler, sinon on ne peut pas dénoncer la duplicité ; c'est jeune, c'est moderne... C'est une manière très pernicieuse de dénoncer les difficultés », a ajouté la ministre.
Elle était interrogée plus particulièrement sur un site Internet aux consonances "franglaises", destiné aux « jeunes», qui dit vouloir « ré-informer sur la sexualité (...). Être hostile à l'IVG, c'est la liberté d'opinion, mais tromper des jeunes filles, c'est un délit »., a-t-elle ajouté.
Beaucoup de sites créés par des associations anti-avortement tentent de faire renoncer les femmes enceintes à pratiquer une IVG. Leur stratégie repose sur deux piliers : faire culpabiliser, et faire peur. Le blog IVG, je vais bien merci, rassemble quelques indices qui devraient vous permettre de les repérer.
- les sites toxiques ne font pas référence aux organismes références en terme d'IVG, que ce soit le Planning familial, ou encore le ministère de la Santé, qui disposent de site Internet très bien faits qui pourront vous être très utiles si vous souhaitez vous renseigner sur l'avortement.
- les sites tentant de vous manipuler comportent plusieurs articles sur l'IVG, mais la stratégie est de jouer sur la peur en insistant sur les conséquences négatives de la procédure : douleurs, détresse psychologique, risques liés à l'opération.
- De même, les témoignages de femmes ayant avorté sont tous centrés sur les conséquences psychologiques de cet acte : on y évoque, en vidéo, la "dépression après une IVG" ou encore le "syndrome post-abortif", une théorie controversée qui affirme que l'avortement aurait des conséquences négatives sur la santé mentale des femmes.
- l'aspect judiciaire est longuement abordé, en rabâchant par exemple qu’il est illégal de forcer une femme à avorter, ou de faire pression sur elle, tout en oubliant de préciser que faire pression sur une femme pour l’empêcher d’avorter est tout aussi illégal.
- enfin, pour faire changer d'avis les femmes enceintes, ces sites jouent sur la culpabilité, en appelant le fœtus "le bébé" et en parlant de la personne enceinte comme de la "maman".
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement croise le fer avec des sites Internet anti-avortement. En janvier 2014 et en janvier 2016, les ministres Najat Vallaud-Belkacemn – alors en charge des Droits des femmes – et Marisol Touraine – à la Santé – avaient demandé aux internautes de cliquer massivement afin que le site public d'information sur l'avortement – ivg.gouv.fr - soit mieux référencé sur Google et donc plus visible que les sites des associations anti IVG.