L'euthanasie active a été autorisée en 2002 en Belgique. Depuis, plus de 8 750 personnes y ont eu accès, dont une part importante de patients qui ne sont pas en fin de vie. Mais pour la première fois depuis une loi adoptée en février 2014, un mineur en a fait la demande. Celle-ci a abouti rapporte le journal néerlandophone Het Nieuwsblad ce samedi 17 septembre.
Le mineur, dont l'âge n'a pas été communiqué, était en phase terminale d'une maladie incurable. Cette première a été confirmée par le président de la Commission fédérale de contrôle et d'évaluation de l'euthanasie, le Pr Wim Distelmans : « Il n'y a heureusement que très peu d'enfants qui entrent en considération, mais cela ne signifie pas que nous devrions leur refuser le droit à une mort digne », a-t-il expliqué au Het Nieuwsblad, soulignant que ce cas de figure demeurerait exceptionnel et réservé aux cas désespérés.
Le consentement des parents obligatoire
En effet, le royaume de Belgique est le seul pays au monde à ne pas imposer de limite d'âge à cette pratique (contrairement aux Pays-Bas, qui a fixé le seuil de 12 ans). Le mineur « en capacité de discernement » doit se « trouver dans une situation médicale sans issue entraînant le décès à brève échéance ». Par ailleurs, il doit être confronté à une « souffrance physique constante et insupportable qui ne peut être apaisée ».
Côté procédure, c'est l'enfant ou l'adolescent qui prendra l'initiative de la demande, étudiée ensuite par une équipe médicale et un psychiatre ou psychologue indépendant. Les parents devront toutefois donner leur consentement. Du fait de l'opposition de certains pédiatres et de la hiérarchie catholique, le vote en 2014 de ce nouveau droit avait causé une vive controverse en Belgique. Il était cependant soutenu par une large majorité de Belges, selon un sondage paru en octobre 2013, soit quelques mois avant le vote. Les trois quarts des personnes interrogées se disaient favorables à l'extension de ce droit.
Forte augmentation des demandes en Belgique
Les chercheurs belges de l’université de Bruxelles se sont penchés sur tous les cas d’euthanasie rapportés à la Commission de Contrôle de l'euthanasie belge sur dix ans. Leur étude, publiée récemment dans le Canadian Medical Association Journal, indique qu'entre 2003 et 2013, 8 752 patients en détresse psychologique et physique ont demandé à mourir. Parmi eux, un nombre croissant de demandeurs ne serait pas des patients en fin de vie.
Cette analyse montre que, chaque année, le nombre de demandes a augmenté. Il est passé de 235 en 2003 à 1 807 en 2013, soit une proportion 8 fois plus importante. Les dernières données des autorités belges ont indiqué qu’en 2015, plus de 2 000 patients ont choisi de mourir par euthanasie.
Selon les dossiers médicaux de ces patients, l’euthanasie concerne surtout les personnes de moins de 80 ans, et celles souffrant d’un cancer. Mais en dix ans, les médecins qui accompagnent l'euthanasie ont vu une augmentation des demandes chez les plus de 80 ans, les seniors vivant dans des maisons de retraite, les patients souffrant d’une maladie autre que le cancer, ainsi que des personnes qui n’étaient pas en fin de vie.