La Société Française de Carcinologie Cervico-Faciale veut « prendre le cancer à la gorge ». Pour la quatrième année, cette société savante organise une semaine de sensibilisation aux cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS), du 19 au 23 septembre. Tout au long de cette campagne, des actions de dépistage sont proposées. Mais l’objectif est plus large : il s’agit de sensibiliser le public, et les professionnels de santé, à des symptômes extrêmement courants.
Tabac, exposition professionnelle…
Derrière le jeu de mots de cette campagne se cache une réalité bien sombre : en 2015, 14 700 personnes – principalement de hommes – ont développé un cancer des VADS. « Les hommes sont encore plus touchés que les femmes mais nous constatons une augmentation de l’incidence chez ces dernières à cause du tabagisme », souligne Antoine Moya-Plana, de l’Institut Gustave-Roussy (Villejuif, Val-de-Marne).
Les cas sont également en hausse chez les 45-50 ans, probablement en raison d’une forte exposition au virus HPV. Les personnes à risque doivent être particulièrement attentives : fumeurs, consommateurs d’alcool, travailleurs du bâtiment sont régulièrement exposés à de éléments qui favorisent la formation de tumeurs.
Il n’y a pas que la gorge qui est touchée : bouche, œsophage, sont d’autres organes affectés. Mais le diagnostic est souvent tardif, réduisant les chances de survie des patients. Repérées à temps, ces tumeurs guérissent pourtant dans 80 à 90 % des cas.
70 % de diagnostics tardifs
Le problème réside dans les symptômes de la maladie. Ils sont terriblement courants : douleurs à la gorge, aphte persistant ou encore douleur d’oreille. « Un tiers des cancers ORL vont se révéler par un simple ganglion qui enfle, illustre ainsi le Dr José Rodriguez, de l’Institut Curie (Paris). Il y a donc une boule dans le cou. » Pire : « Ils sont ressentis par tous les Français, plusieurs fois dans l’année », ajoute Antoine Moya-Plana.
Un signe doit alerter, rappelle la campagne : des symptômes qui durent anormalement longtemps. Au-delà de trois semaines de douleur, une consultation chez un spécialiste ORL est justifiée. A l’heure actuelle, ce réflexe peine à s’installer : 70 % des cancers des VADS sont diagnostiqués à un stade avancé. Les conséquences sur le fonctionnement des zones touchées, et même sur le plan esthétique, sont donc plus lourdes.