En 2015, 43 000 hommes et femmes ont été touchés par un cancer colorectal, et 17 500 malades sont décédés. Mais ce cancer n’est pas une fatalité s’il est détecté précocement, rappellent les Prs Mehdi Karoui (Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris) et Igor Sielezneff (CHU La Timone, Marseille) à la veille du 118e Congrès de l’Association française de chirurgie (AFC) où ils présenteront leur enquête sur la prise en charge en urgence.
Ce cancer digestif est généralement diagnostiqué chez les personnes de plus de 50 ans, notamment à l’occasion du dépistage organisé. Repéré tôt, il se soigne dans 9 cas sur 10. Mais s’il est découvert à cause d’une occlusion intestinale, le taux de survie à 5 ans s’écroule à moins de 50 %. Les deux chirurgiens digestifs se sont intéressés à ces patients diagnostiqués tardivement.
L'occlusion, un signe révélateur trop fréquent
Entre 2010 et 2015, ils ont étudié les dossiers médicaux de 2 325 malades pris en charge en urgence dans 58 centres de cancérologie pour un cancer du côlon localisé, ou métastatique. Plus de la moitié des malades étaient des hommes, et l’âge médian était de 74 ans.
L’analyse révèle que pour 91 % des patients, l’occlusion est révélatrice du cancer. Cette obstruction est due à une tumeur qui grossit et qui bloque le passage des selles à l’intérieur du côlon. Un motif d’intervention chirurgicale réalisée en urgence.
Les résultats mettent également en évidence que la majorité des malades opérés en urgence présentaient une tumeur à un stade avancé. Celle-ci n’a donc pas été diagnostiquée à temps. Toutes ces difficultés et complications allongent les durées d’hospitalisation : environ 2 semaines, soit deux fois plus que pour une chirurgie programmée.
Renforcer la prévention
De ce fait, la prise en charge tardive du cancer impacte l’efficacité des traitements et réduit les chances de survie des patients. Pour ceux souffrant d’un cancer du côlon droit, le taux de mortalité postopératoire est de 10 % avec des complications fréquentes (52 %). Si c’est le côlon gauche qui est touché, le taux de mortalité approche les 9 %, et le taux de stomie définitive est de 20 %. A 5 ans, à peine la moitié des patients sont encore en vie.
Pour le Pr Patrick Pessaux, responsable de l’unité Hépato Biliaire et Pancréatique du CHU de Strasbourg et secrétaire général de l’AFC, ces résultats « soulignent l’importance de l’application plus large du dispositif de prévention soutenu de la part des autorités sanitaires, en particulier dès 50 ans ». Un dépistage plus précoce qui améliorera également la qualité de vie des patients.